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« A la fin de la 5ème, ma fille s’est plainte de maux de tête. Elle vomissait tous les matins, faisait des malaises. Impossible d’aller en cours. Ca a été très soudain », nous expliquait Odile Mandagaran, présidente de l’association Phobie scolaire  en janvier dernier.

Dans un article publié aujourd’hui, Télérama s’intéresse au phénomène du burn-out scolaire – qui touche souvent de très bons élèves.
« Malgré ses 17-18 de moyenne, elle se trouvait nulle » nous indiquait Odile Mandagaran à propos de sa fille.
« Juliette rate systématiquement ses devoirs sur table, quelle que soit la matière. Jusque-là abonnée aux très bonnes notes, Juliette le vit comme une tragédie absolue » lit-on aujourd’hui dans l’article de Télérama. Interrogée par le magazine, la psychothérapeute Béatrice Millêtre note que le phénomène du craquage scolaire est en constante augmentation. « Jusque très récemment, je recevais environ un jeune par an pour des problèmes de craquage nerveux, de dépression ou de burn-out. Ils sont désormais plus de cinq par semaine à passer ma porte. »

L’idée d’aller en cours tétanise

Toujours dans le même article, la pédopsychiatre Hélène Denis, qui dirige au CHU de Montpellier un centre soignant le refus scolaire anxieux, explique que ce phénomène n’est pas uniquement lié à la pression scolaire. Des causes très diverses conduisent au fait que « l’idée d’aller en cours tétanise des collégiens et lycéens qui aiment l’école ».

Ainsi Antoine, qui a terminé aux urgences suite à une banale interrogation orale d’anglais : « Aucun mot ne sortait de ma bouche, je tremblais, je ventilais… Et pourtant je savais ma leçon ! Mes camarades de classe pensaient que je faisais une crise d’asthme ou une crise cardiaque. Je ne les ai pas revus, j’ai été déscolarisé pendant six mois… »

Pour la fille d’Odile, une fois la phobie déclarée, toute la scolarité en milieu scolaire fut impossible. Et obtenir son bac fut, pour cette élève sérieuse, un véritable parcours du combattant.

Des causes diverses

Le docteur Ada Picard, pédopsychiatre et spécialiste de la question, résumait pour nous en janvier dernier les différentes causes pouvant conduire à une situation de burn-out ou refus scolaire : « Dans beaucoup de cas, elle fait suite à un (cyber)harcèlement scolaire. Elle touche aussi les enfants anxieux, perfectionnistes, introvertis, qui prennent beaucoup sur eux. Elle concerne également ceux ayant des troubles des apprentissages (tous les « dys »), de l’attention (TDA et TDAH), les enfants à haut potentiel, comme les autistes Asperger, par exemple, qui présentent souvent une hypersensibilité et qui peuvent se sentir agressés par les autres… »

Comment soigner le refus scolaire ?

Des solutions existent pour aider les jeunes en souffrance : il est possible de s’adresser à l’association Phobie scolaire et des structures dédiées existent telles le centre du docteur Hélène Denis ou le Centre Médical et Pédagogique (CM&P) du lycée Chateaubriand à Rennes.

Enfin, il faut savoir que « dans la grande majorité des situations, cet état [de refus scolaire] est transitoire » rassurait Luc Mathis, vice-président de l’association Phobie scolaire, dans une interview qu’il nous accordait en août dernier. Et il durera d’autant moins longtemps que la prise en charge est rapide, c’est-à-dire dans un premier temps retirer provisoirement le jeune de l’école, qui est un lieu de souffrance. Puis, mettre en place rapidement un travail avec un psychologue qui cherchera à identifier les causes de l’anxiété : harcèlement, trouble des apprentissages, anxiété de performance, ou même décès d’un proche ou phobie sociale. Une fois l’origine identifiée, il va s’agir de faire des propositions d’action : psychothérapies par la parole en cas de harcèlement, hypnose en cas de choc personnel… »

 

Phobie scolaire : un cadre « sans pression » pour reprendre goût aux études