Octobre 2015, Rennes, un mercredi. Il y a deux ans, le Centre Médical et Pédagogique (CM&P) du lycée Chateaubriand, a mis en place un dispositif de rescolarisation pour les jeunes souffrant de phobie scolaire. Baptisée la “classe projets”, cette structure pédagogique est différente d’une classe “classique” : l’effectif est réduit à un groupe d’une dizaine de jeunes, et le dispositif fonctionne par cycles successifs, sans référence à un programme.
Les élèves ne sont scolarisés que l’après-midi, les matinées étant consacrées aux soins. Pendant 6 semaines, “c’est le premier cycle” : chaque semaine, ils travaillent autour d’un thème, seuls ou par groupe de deux, au CDI de l’établissement, encadrés par des enseignants tuteurs.
« Ici, l’ambiance est différente, il y a moins de pression »
Cette semaine, la 3e du premier cycle, le thème de départ est : “transformer son existence”. Avant de débuter leurs recherches, les élèves sont réunis autour d’une table. Ils partagent leur ressenti concernant des “interventions”, qui ont eu lieu les jours précédents : un homme est venu parler de son choix de vivre vivre sans argent pendant 3 ans. Un autre leur a présenté des œuvres d’art sur le thème des vanités.
Après ce moment d’échange, les élèves réfléchissent avec leurs enseignants tuteurs à un sujet de projet de recherche, puis se répartissent dans le CDI, chacun devant un ordinateur. Jean-Baptiste, 17 ans, a choisi rédiger des haïkus, de courts poèmes, “autour de l’intervenant qui a choisi de vivre sans argent”. Pour l’adolescent, déscolarisé depuis 1 an, la classe-projets était “une dernière chance”, après avoir essayé “pas mal de dispositifs différents”.
Comme ses camarades, Jean-Baptiste souffre de troubles psychiques qui l’ont empêché, un jour, de se rendre au lycée. “Je ne me sentais plus à l’aise au lycée, avec d’autres élèves qui ne supportaient pas le fait que je sois différent, dans un environnement etouffant”, raconte-t-il sans rentrer dans les détails.
“Ici, l’ambiance est différente, il y a moins de pression, nous sommes beaucoup plus autonomes : les profs nous aident mais ils ne nous donnent pas de directives. Les autres élèves sont comme moi, eux aussi ont le même genre d’histoire : grâce à cela, c’est beaucoup plus facile pour moi de réintégrer un groupe”, ajoute Jean-Baptiste. Et de constater : “oui, la classe projets me donne envie de retourner en cours !”
« Les jeunes finissent par s’ouvrir et retournent à la scolarité »
Gérard Esnault est professeur d’histoire-géographie et enseignant tuteur dans la classe-projets depuis plus d’un an. “Quand les jeunes arrivent ici, ils ont perdu l’envie d’étudier, ou alors il y a eu un blocage. Mais en voyant ce qu’ils sont capables de faire, lors de leurs projets de recherche, ils reprennent confiance en eux et reprennent goût aux études”, indique-t-il.
“Plusieurs élèves sont aujourd’hui retournés au lycée, dans le milieu ordinaire. Beaucoup ont choisi de reprendre les études, mais au CM&P, qui offre un cadre adapté, plus calme et plus apaisé, où les jeunes se sentent moins jugés par les autres”, remarque Gérard Esnault.
Selon l’enseignant, “les lycéens souffrant de phobie scolaire qui viennent ici sont volontaires : ils ne sont pas ici par hasard. Parfois, c’est un échec : certains ont une réaction de rejet et partent. Mais globalement, les jeunes finissent par s’ouvrir aux autres et par retourner sur le chemin de la scolarité.” Il conclut : “la grande liberté qu’offre la classe-projets et le cadre sans pression les désarçonne un peu au début, mais leur est vite bénéfique”.
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Cette classe « projets » est tres interessante. Ce serait la solution ideale pour nos jeunes descolarises. Sauf que pour mon fils de 13 ans qui souffre de phobie scolaire depuis environ 1 an cette classe « projets » ne le concerne pas.
La mise en place d une classe pour les collegiens est elle ptevue ?