Le pouvoir d’achat des enseignants baisse depuis le début des années 80. Image : Getty

Alors qu’un document de travail du gouvernement vient de révéler que la revalorisation des enseignants sera finalement moins élevée qu’annoncé, le collectif « Nos services publics » publie une étude qui met en avant la dégradation du pouvoir d’achat des enseignants depuis de nombreuses années. Selon cette étude, intitulée « Monter un escalator qui descend », publiée en avril, c’est dès le début des années 1980 que le pouvoir d’achat des enseignants a commencé à diminuer. « Leur traitement net réel a ainsi baissé d’environ 20% entre 1981 et 2004 », indique-t-elle, et « ce recul s’est poursuivi depuis lors, tandis qu’il a augmenté en moyenne de 11 % en moyenne dans les pays de l’OCDE entre 2005 et 2019 ».

Un pouvoir d’achat qui stagne tout au long de la carrière

Le collectif montre ainsi que les gains apportés par les mesures salariales ne suffisent pas à compenser la perte de pouvoir d’achat due à la sous-indexation puis au gel du point d’indice. Il souligne ainsi qu’après les trois premières années dans le métier, le pouvoir d’achat des enseignants stagne globalement tout au long de leur carrière. En effet, ils « acquièrent un nombre croissant de points d’indice mais la valeur de chaque point diminue dans le temps du fait de sa sous-indexation continue depuis le début des années 2000 ».

Le collectif prend l’exemple d’une enseignante agrégée en poste depuis septembre 2000 : « elle gagne à 46 ans un pouvoir d’achat identique à ce qu’elle gagnait en 2015, et supérieur de 4,5% seulement à ce qu’elle gagnait à 32 ans en 2009. En effet, une bonne partie des gains liés à sa progression de carrière ont été neutralisés par le gel du point d’indice ».

70 600 euros perdus en 23 ans de carrière

Prenant l’exemple de cette enseignante de 23 ans d’ancienneté, le collectif estime qu’en cumulé sur l’ensemble de sa carrière, la sous-indexation du point d’indice a fait perdre 70 600 euros. Même les mesures de rattrapage salarial mises en place au fil des années n’ont selon l’étude pas permis d’augmenter durablement le pouvoir d’achat des enseignants. En effet, ces mesures concernent surtout l’augmentation de primes « dont les montants sont restés faibles, forfaitaires et non pris en compte pour le calcul des retraites ».

De plus, ces primes étant souvent dégressives selon l’ancienneté, les mesures de revalorisation « contribuent ainsi à la dégradation de l’attractivité du métier d’enseignant à mesure de la progression professionnelle ».

Des hausses de rémunération qui ne compensent pas l’inflation

Enfin, le collectif se montre sceptique quant à l’effet de la revalorisation de septembre 2023 sur le pouvoir d’achat des enseignants. Malgré ces mesures, « 70 % des enseignants du secondaire verront leur pouvoir d’achat diminuer en décembre 2023 par rapport à décembre 2022 », estime-t-il, puisqu’il s’agira d’ « augmentations forfaitaires concentrées avant tout sur les débuts de carrière ».

Par conséquent, tous les enseignants ayant plus de 15 ans d’ancienneté (70% des professeurs du second degré) « connaîtront des hausses de rémunération de l’ordre de + 4 %, alors que l’inflation prévue d’ici décembre 2023 s’élève à 5,5 % ». Pour les 30% restants, leur pouvoir d’achat n’augmentera que temporairement. L’étude prend l’exemple d’un jeune enseignant ayant 8 ans d’ancienneté, dont le pouvoir d’achat grimpera de 220 euros grâce à cette mesure : « en l’absence d’autre mesure de revalorisation, son traitement réel devrait diminuer et retrouver en octobre 2024 son niveau de 2021 », estime-t-elle.