tableau d'école
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Le nouveau CAPES aura « des conséquences extrêmement dommageables sur l’enseignement de la philosophie au lycée » ; dans une pétition publiée le 3 janvier dernier, l’Association des professeurs de philosophie de l’enseignement public (APPEP) exprime son « opposition résolue à un tel projet ».

Un « retrait pur et simple du projet »

Elle s’inquiète notamment de la réduction drastique de la part disciplinaire du concours, cantonnée « à une épreuve sur quatre et à un sixième de la note globale ». Pour l’APPEP, les autres épreuves, non-disciplinaires, « ne consisteraient qu’en une évaluation des capacités de candidates et candidats à ‘animer’ des séquences au contenu préfabriqué » ou « à se positionner en fonctionnaire ».
Dans la pétition de l’APPEP, les membres du jury du CAPES externe de philosophie demandent « le retrait pur et simple » du projet, et « appellent tout collègue et toute étudiante ou étudiant de philosophie à rejoindre cette position, en signant le présent texte ».

Les profs d’histoire-géo également remontés

Les enseignants de philosophie ne sont pas les seuls à s’insurger contre ce projet de réforme globale du CAPES. Dans Libération, 300 enseignants d’histoire et historiens ont publié début décembre une tribune dans laquelle ils dénoncent la réforme de la formation des enseignants dans son ensemble. Outre la mise en place d’un stage en alternance en deuxième année de master, ils y dénoncent aussi de « nouvelles épreuves pour les concours qui aggravent le recul de la place des connaissances disciplinaires ».

« Le ministre entend réformer les épreuves des concours de recrutement en référence notamment à des compétences censées être ‘professionnalisantes’, mais on ne laisse plus de temps aux étudiant·e·s pour s’initier aux débats qui traversent leur discipline, pour ce qui nous concerne plus particulièrement l’histoire et la géographie, pour réfléchir au pourquoi de leur enseignement et aux spécificités des didactiques disciplinaires », déplorent-ils.
Le 6 janvier dernier, cet appel avait réuni près de 850 signatures.

Des réactions contrastées

Présenté le 20 novembre, le projet de réforme de la formation des enseignants prévoyait entre autres une refonte des épreuves du CRPE et du CAPES. Pour ce dernier, les épreuves d’admissibilité envisagées consisteraient en « un écrit visant à contrôler la maîtrise disciplinaire des candidats avec note éliminatoire à 5 minimum » et « une seconde épreuve écrite plaçant le candidat en situation d’élaborer une séquence pédagogique à partir d’un sujet donné par le jury, afin d’évaluer sa capacité à exercer, dans une perspective pédagogique, une approche critique sur les sources disponibles ».

Concernant les épreuves orales, il s’agirait d’une «première épreuve de conception et d’animation d’une séance d’enseignement ou l’exploitation d’un support permettant d’apprécier à la fois la maîtrise disciplinaire et la maîtrise de compétences pédagogiques », puis d’une « seconde épreuve orale d’entretien sur la motivation du candidat et sa connaissance de l’environnement et des enjeux du service public de l’éducation ».

La présentation de ce projet avait suscité des réactions mitigées, certains déplorant une minoration de l’importance accordée à la maîtrise des savoirs disciplinaires, tandis que d’autres se félicitaient de la professionnalisation des épreuves du concours.