Pouvez-vous présenter l’association Phobie scolaire et son action ?

L’association Phobie scolaire a été fondée en 2008 par des parents, et je l’ai rejointe il y a 6 ans. Nous sommes une association d’aide aux parents confrontés à la phobie scolaire, et qui face à elle peuvent se retrouver isolés et stressés. Nous leur apportons de l’information, du soutien moral, afin qu’ils puissent agir avec les autres adultes qui sont en charge du jeune : enseignants, équipes éducatives et thérapeutes. L’idée c’est qu’une trilogie se mette en place autour du jeune : le thérapeute, qui va identifier les causes de la souffrance, les parents, qui vont pouvoir expliquer aux équipes enseignantes de quoi il retourne, afin de pouvoir, tous ensemble, trouver une solution.

Nous travaillons également beaucoup avec des experts, des professionnels du soin, des chercheurs, qui vont nous donner des pistes sur ce qu’est la phobie scolaire, comment agir, comment en parler, quelles en sont les causes et les approches. C’était le sujet de notre premier livre : Ecole, quand la phobie prend le dessus.

Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire le livre Harcèlement scolaire, et que peut-on y trouver ?

Nous nous sommes rendu compte que dans 50 % des cas, il y a, en amont de la phobie scolaire, des situations de violence à l’école, par exemple du harcèlement. Cela justifiait de sortir un autre livre, que nous avons écrit avec l’association de prévention du harcèlement Génér’action solidaire. Ce livre traite du harcèlement et de ses effets à long terme.

Génér’action solidaire a été fondée par Noémya Grohan, qui a elle-même été victime de harcèlement et fait depuis des années de la prévention dans les collèges et les écoles. Elle s’est occupée de la partie « amont » du harcèlement (comment prévenir, repérer), et nous, nous traitons les effets à long terme du harcèlement, dont la phobie scolaire. Nous avons également fait intervenir un grand nombre d’experts français, américains, canadiens et finlandais, qui apportent des regards croisés sur ces différents thèmes, comme Hélène Romano ou Jasmin Roy. Ce kaléidoscope de regards permet de comprendre comment prévenir, comment gérer le harcèlement et ses effets à long terme.

Et d’abord de comprendre qu’il y a des effets à long terme, même après la fin du harcèlement. Jasmin Roy, par exemple, a été victime de harcèlement homophobe au collège et lycée, et a eu des crises d’anxiété pendant longtemps après. Et ce n’est qu’à 27 ans qu’il s’est rendu compte que c’était une conséquence à long terme du harcèlement. Nous voulions faire passer l’idée qu’il était important de suivre les enfants victimes, même après la fin du harcèlement scolaire.

Comment repérer et agir contre la phobie scolaire ?

La phobie scolaire est une anxiété envahissante par rapport à ce qui se passe à l’intérieur de l’école. C’est très différent d’une simple envie de ne pas aller en cours. Dans un cas de phobie scolaire, un jeune ne peut plus du tout aller à l’école, alors que celui qui veut sécher s’absentera pour quelques heures ou une journée, puis retournera en classe. La différence, c’est avant tout la crise d’angoisse qui va survenir avant d’aller à l’école, et qui se traduira par des maux de ventre, des vomissements…  Quand ça arrive, il faut accompagner le jeune, lui redonner confiance, il faut que tous les adultes se mobilisent autour de lui pour comprendre et pour l’aider à repartir.

Dans la grande majorité des situations, cet état est transitoire. Et il durera d’autant moins longtemps que la prise en charge est rapide, c’est-à-dire dans un premier temps retirer provisoirement le jeune de l’école, qui est un lieu de souffrance. Puis, mettre en place rapidement un travail avec un psychologue qui cherchera à identifier les causes de l’anxiété : harcèlement, trouble des apprentissages, anxiété de performance, ou même décès d’un proche ou phobie sociale. Il existe un nombre de causes élevé, et cela peut être multi-factoriel. Une fois l’origine identifiée, il va s’agir de faire des propositions d’action : psychothérapies par la parole en cas de harcèlement, hypnose en cas de choc personnel… le professionnel proposera des pistes et les parents pourront ensuite transmettre les informations aux enseignants, pour éviter que survienne une situation dans laquelle les parents et l’école se pointent mutuellement du doigt.