Les chefs d’établissements dénoncent les difficultés de la mise en place des groupes de niveau en français et maths à la rentrée 2024. Image : Getty

« A l’impossible nul n’est tenu » : à quelques jours d’une grève dans l’Education nationale, le syndicat de chefs d’établissements SNPDEN-Unsa interpelle Amélie Oudéa-Castéra sur les difficultés de la mise en place des groupes de niveau en français et maths à la rentrée 2024. Il pointe également un projet « contraire à [ses] valeurs ».

Une « ségrégation scolaire »

Dans un courrier adressé à la ministre de l’Education nationale publié le 24 janvier, le SNPDEN-Unsa affirme en effet que « les groupes de niveau qui vont être créés en collège ne correspondent pas » aux valeurs prônées par le syndicat : « une scolarité et une orientation positives, fondées sur les aptitudes d’un jeune et non sur ses insuffisances ». Il dénonce une forme de « ségrégation scolaire », et prévoit « des conséquences potentielles néfastes », notamment le regroupement, sur un temps long, d’élèves en difficulté scolaire qui « sans hétérogénéité, avanceront nettement moins vite que les autres groupes ».

De plus, le syndicat souligne que « malgré les très grandes qualités professionnelles des personnels de direction, nous ne sommes pas des magiciens ». Il explique qu’aucun texte n’ayant été publié au Journal officiel, « il ne nous est pas possible d’avancer en aveugles, sans l’indispensable cap fixé par la Loi ! ». Il précise qu’« à ce stade, notre boussole reste le Code de l’éducation » selon lequel « ‘l’organisation en classes et en groupes d’élèves ainsi que les modalités de répartition des élèves’ relèvent de la compétence de l’établissement scolaire ».

Appel à la grève le 1er février 2024

Enfin, le syndicat pointe l’impact de ces mesures sur les conditions de travail des enseignants. Quant aux dotations horaires globales, elles ne seront pas suffisantes pour couvrir les besoins, dénonce le SNPDEN. « Les établissements vont devoir, afin d’organiser les groupes de niveau, mettre fin aux dédoublements et aux co-interventions, dont certaines disciplines pouvaient bénéficier depuis 2016 ». En conséquence, cela signifiera rogner sur les heures dédiées à des « besoins locaux pertinents, évalués par les équipes » ainsi qu’aux « enseignements optionnels : langues et cultures de l’antiquité, langues et cultures européennes, groupes de LV2, bilangues de continuité sur le cycle 4, enseignement optionnel de chant choral, etc ».

Malgré les créations de postes annoncées par l’ancien ministre de l’Education nationale Gabriel Attal, le manque de moyens supplémentaires pour financer les groupes de niveau à la rentrée 2024 est pointé du doigt par les syndicats de nombreuses académies, comme à Bordeaux, à Lyon ou encore à Paris. Les enseignants eux-mêmes déplorent sur les réseaux les conséquences de la mise en place des groupes de niveau sur les dotations horaires des autres matières et des options. Un appel a la grève a d’ailleurs été lancé par une intersyndicale éducation pour le 1er février prochain, notamment pour dénoncer les conditions de mise en place de la mesure, et plus généralement du « choc des savoirs » présenté en décembre 2023 par Gabriel Attal.