
Juin, un mois tronqué. Traditionnellement, celui-ci est synonyme de conseils de classe, d’examens mais assez peu d’enseignement. Le gouvernement a mis en place diverses mesures pour le reconquérir. Depuis la session 2024, les épreuves de spécialité du baccalauréat général et technologique se déroulent de nouveau en juin. Pour rappel, en 2023, elles avaient eu lieu en mars et avaient entraîné une année scolaire et une charge de travail très condensées puis une démobilisation des élèves et un taux d’absentéisme notable. Le calendrier des épreuves, revu depuis l’an dernier, doit permettre d’assurer les cours jusqu’à la mi-juin pour « une véritable reconquête du mois de juin pour l’ensemble des lycéens », indique sur son site le ministère de l’Éducation nationale.
Des conseils de classe très tôt
Il n’empêche que les conseils de classe commencent dès le mois de mai et limitent l’intérêt scolaire en juin… Dans le lycée de Sophie, professeure d’anglais à Paris, les conseils de classe ont débuté le 22 mai signant l’arrêt des évaluations et des notes. « Honnêtement, les cours sont finis en lycée. Je suis dans un bon lycée, mais où ça se dégrade comme partout, et je ne travaillerai pas après les conseils de classe car les élèves ne suivent pas. Finir en mai alors que l’année de terminale est courte, c’est ridicule », confie-t-elle. L’enseignante constate déjà l’absentéisme de la moitié de ses élèves. Pour ses derniers cours, elle prévoit des activités variées pour tenter de les intéresser. Auparavant, elle revoyait des points de grammaire mais a arrêté : « beaucoup viennent pour faire garderie et les parents pensent la même chose. Après les conseils, les élèves le disent clairement : « on vient mais on n’a pas envie de travailler », ajoute-t-elle. Les enseignants sondés confirment qu’en juin, il est généralement plus complexe d’intéresser des élèves qui se sentent moins concernés par les apprentissages notamment lorsqu’ils n’ont pas d’échéance en fin d’année.
Un stage en 2nde pour mobiliser les élèves
Les élèves de première et de terminale poursuivent cependant leurs cours et sont accompagnés par leurs enseignants pour préparer les épreuves du bac tandis que les élèves de seconde doivent désormais effectuer un stage d’observation en entreprise, en administration ou en association les deux dernières semaines de juin pour préparer leur orientation. Sophie est peu convaincue par l’initiative : « les stages de seconde sont comme ceux de 3ème : une occasion pour les parents de faire jouer leurs relations. Ça n’a rien à voir avec les apprentissages et en seconde, la fin d’année permettait de travailler », déclare-t-elle. Certains élèves cherchent et trouvent tout de même un stage assez rapidement dans un domaine qui les intéresse. Pour ceux-là, la fin juin n’est pas complètement perdue. « D’autres n’y pensent pas et se retrouvent soit sans aucun stage, soit avec un stage qui ne les intéresse pas. Les élèves n’ayant pas trouvé de stage sont tenus de se rendre dans leur établissement », souligne Salim, professeur de mathématiques dans les Hauts-de-France. Les enseignants doivent alors composer avec ces élèves pendant quinze jours.
Lycée pro : le parcours en Y, une solution ?
Cette année, suite à la réforme, en terminale professionnelle, il y a du nouveau avec le parcours personnalisé en Y. A partir de la mi-mai, chaque élève passe six semaines soit en milieu professionnel pour préparer son insertion soit dans son établissement scolaire s’il envisage une poursuite d’études. Il assiste alors à des cours disciplinaires pour renforcer ses acquis, mais aussi à des séances pour favoriser son autonomie et découvrir l’enseignement supérieur. Dans le lycée professionnel où enseigne Angélique*, professeur d’esthétique, tous les enseignants de terminale se sont réunis en amont pour développer ces ateliers. « En ce qui me concerne, par manque du temps, j’aurais aimé animer un atelier plus dynamique avec des intervenants extérieurs (France Travail). En effet, pour animer un atelier pour lequel nous n’avons pas les compétences, il faut chercher ces informations ailleurs. Nous n’avons pas un support, juste les « grandes lignes » à développer », témoigne-t-elle. S’il est encore très tôt pour faire un bilan sur le Parcours en Y, celui-ci ne se fait pas sans mal. « Ce parcours est difficile dans de nombreux établissements : les élèves, d’abord, pour lesquels les enjeux de l’année sont terminés puisque les principales épreuves sont passées. Pour nous, enseignants, puisque les contenus ne sont pas clairement déterminés. Nos collègues de l’enseignement supérieur auraient pu être sollicités… C’est du remplissage… Ces dernières réformes ne sont pas adaptées ni au terrain ni à nos fonctions ni à nos élèves », estime Chantal*, professeur de vente en lycée professionnel dans le Grand Est. Des ajustements seront sûrement encore nécessaires pour améliorer la situation.
* le prénom a été changé
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