Pour Sophie Vénétitay, il s’agit une nouvelle fois d’ «  une réforme du bac, décidée dans l’été, sans dialogue avec les enseignants ». Image : Getty

Lors de la conférence de presse de rentrée le 27 août dernier, Elisabeth Borne a émis le souhait de repenser la formule du contrôle continu. Une mesure qui selon elle devrait diminuer « la pression sur les élèves et refléter de manière plus juste le niveau de ces derniers ». Cette mesure concerne les notes issues du contrôle continu, destinées à la fois à l’évaluation du baccalauréat général et technologique et aux dossiers Parcoursup.

Dans le Bulletin Officiel du 28 août publié à la suite de la conférence de presse, il est précisé que l’équipe pédagogique de chaque établissement devra définir les règles communes de l’évaluation du contrôle continu. Les professeurs devront, selon leur expertise, juger de « l’acquisition progressive des connaissances et des compétences des élèves tout au long de leur scolarité ». Ce projet d’évaluation devra être réexaminé tous les ans. L’objectif est de mieux encadrer la notation en distinguant les évaluations courantes destinées à mesurer les connaissances, des contrôles certifiants pris en compte pour le baccalauréat.

Afin d’aider l’équipe pédagogique à mettre en place les modalités d’évaluation du contrôle continu du bac de son établissement, le ministère de l’Education nationale publie une page, comprenant plusieurs guides pratiques en ligne.

Annonce précipitée et délai serré

La ministre démissionnaire a donné aux enseignants jusqu’à la Toussaint pour s’organiser. Un délai jugé trop court pour certains : selon la CFDT Éducation, « « la date-couperet de la Toussaint est inacceptable ». Cependant, au vu de l’instabilité politique certains préfèrent attendre de voir comment la situation évolue avant de prendre une décision.

À l’instar du dispositif « Portable en pause », de nombreux syndicats et chefs d’établissement ont reproché à Elisabeth Borne d’avoir fait cette annonce de manière précipitée, sans véritable concertation préalable. « Ça a été annoncé brutalement et sans concertation, lors d’une rentrée qui devait pourtant être celle de la stabilité », s’insurge Olivier Beaufrère, secrétaire national éducation et pédagogie SNDPEN-UNSA.

Une pratique déjà appliquée ?

Autre point, ce dispositif serait déjà appliqué dans de nombreux établissement. Dans une interview accordée à l’Étudiant, un professeur d’histoire-géographie déclare que « le coefficientage des notes est déjà pratiqué par beaucoup de collègues ». Selon ses mots, les enseignants peuvent déjà appliquer des modifications au niveau des coefficients, le but étant de valoriser le travail bien fait, et à l’inverse de rattraper un échec, par exemple « quand un devoir a été massivement raté par la classe« .

Pour Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN-UNSA, une telle réforme du contrôle continu desservirait les élèves. Selon lui, les enseignants « ne garderont pas les notes des petits contrôles de connaissances, mais les grosses évaluations où les notes sont moins bonnes ». Pour rappel en 2021, de nombreuses voix s’étaient déjà élevées afin de protester contre la réforme Blanquer qui avait introduit le contrôle continu.