
Plus de portables dans les collèges, c’est la promesse ambitieuse que s’est donnée l’État. La principale interrogation concerne la mise en place concrète du processus. Il n’existe pas une solution unique, mais plusieurs : certains établissements optent pour la pochette aimantée, d’autres demandent aux élèves de déposer leur téléphone à l’entrée de l’établissement, tandis que certains ont mis en place un système de casiers.
Pour rappel, le téléphone mobile est interdit par la loi, dans l’enceinte des établissements scolaires (hors lycée) depuis le 3 août 2018. Initialement prévu en janvier 2025, puis à la rentrée 2025, l’application de « Portable en Pause » devrait finalement entrer en vigueur à la fin de l’année scolaire. Bien que le portable soit déjà interdit, le dispositif vise à aller plus loin en confisquant le téléphone de l’élève durant la journée d’école. Selon l’AEF, les établissements scolaires sont pour l’instant priés « d’engager un dialogue avec l’ensemble des membres de la communauté éducative » afin de respecter les délais.
Des freins à l’application
La raison de l’absence de dispositifs s’explique par le manque de personnel aussi bien chez les enseignants que chez les assistants d’éducation (AED). Selon une enquête publiée ce jeudi 4 septembre par le SNES-FSU, 73% des établissements ont une équipe pédagogique et éducative incomplète. Le manque de moyens est aussi largement dénoncé : le ministère ne finançant pas le projet, laissant cette responsabilité au département et au libre arbitre des établissements.
La charge morale peut aussi être une raison de l’absence du dispositif « Portable en pause ». Aude Denizot, professeure des écoles dans le Loiret et porte-parole de l’association Éducation numérique raisonnée, a justifié cette décision en expliquant que certains collèges refusent de s’en charger en raison de la question de responsabilité que cela soulève. « Que faire si le téléphone confisqué ou rangé dans un casier est volé ? », a-t-elle déclaré.
Pour d’autres, l’application du dispositif n’est pas la priorité, en particulier dans les établissements REP (réseau d’éducation prioritaire). Dans un collège REP des Hauts-de-Seine, pas de pause portable pour l’instant. « Rien n’est prévu à ce propos », confie un AED, interrogé par VousNousIls. D’autres priorités sont à traiter, telles que la gestion des conflits, l’absentéisme, les comportements turbulents, etc.
Un manque de soutien
Interrogé au micro de BFMTV lundi 1er septembre, la secrétaire générale du syndicat SNES-FSU, Sophie Vénétitay, émet des doutes. Selon elle, le dispositif pourrait s’avérer inefficace s’il ne s’accompagne pas de pédagogie parentale. Elle déclare « quand l’enfant rentre chez lui, s’il se jette sur son portable, alors notre travail n’aura servi à rien ». Elle dénonce le décalage entre les annonces gouvernementales et la réalité du terrain : « l’annonce était peut-être un peu précipitée ».
Enfin, si certains parents encouragent et saluent l’initiative, d’autres ont peur de ne pas pouvoir contacter leurs enfants. Pour Emmanuel Garrot, président de la Peep, deuxième fédération de parents d’élèves, « le téléphone est devenu un lien indispensable avec les enfants, notamment s’ils ont de longs trajets ». Le problème est donc de taille pour l’Éducation nationale qui doit jongler entre apprentissage du numérique et réduction du temps d’écran.
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