A la rentrée 2025, la Région Ile-de-France a mis en place Pearltrees, une plateforme unique accessible dans les lycées franciliens et proposant une cinquantaine de manuels numériques dits « libres », intégrant l’intelligence artificielle. Cette initiative, présentée comme modernisatrice, suscite de vives réactions. Dans une tribune publiée mardi 2 septembre dans Le Monde, plus de 500 professeurs, écrivains, et éditeurs déplorent « l’éradication du manuel scolaire comme repère partagé », dénonçant une école « sans boussole, réduite à du scroll ».
Parmi les signataires figurent des personnalités telles que les écrivains Sorj Chalandon et Aurélie Valognes ou encore l’animateur Stéphane Bern. Ils pointent du doigt l’absence de débat public et le manque de consultation des enseignants, parents et élèves. Pour eux, la plateforme unique est « une mosaïque de fragments sans hiérarchie ni structuration ».
La tribune met également en avant le risque de voir l’élève devenir « un puzzle éclaté livré à lui-même » et souligne que le numérique ne doit pas remplacer le papier mais le compléter.
En cas de choix, « 69% des enseignants préféreraient revenir au papier«
Une enquête OpinionWay menée auprès de 710 enseignants franciliens révèle un faible enthousiasme pour Pearltrees, avec une note moyenne de recommandation de 3,7/10. Les résultats montrent aussi, qu’en cas de choix, « 69% des professeurs préféreraient revenir au papier, et 54% se tourneraient vers les solutions numériques des éditeurs scolaires, jugées plus adaptées. »
La région justifie sa démarche
Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, défend sa démarche en expliquant que les manuels papier sont « souvent peu ouverts par les élèves » et que « deux tiers des enseignants » utilisent déjà des ressources numériques libres. Elle assure que le choix entre papier et numérique reste possible dans chaque établissement, et que la plateforme Pearltrees vise à répondre aux usages numériques croissants des élèves.
« Une erreur pédagogique, sociale et démocratique »
Les signataires de la tribune précisent qu’ils ne sont « ni nostalgiques, ni technophobes », mais affirment que « l’éradication du manuel scolaire comme repère partagé est une erreur pédagogique, sociale et démocratique « . Ils appellent ainsi « à un moratoire sur les plateformes uniques, à une évaluation indépendante de leurs effets, à la reconnaissance du manuel – enrichi du numérique – comme colonne vertébrale de l’apprentissage, de qualité et d’égalité ».
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