Invité sur France Inter ce jeudi 2 février 2023, Pap Ndiaye a répondu aux questions de Léa Salamé et Nicolas Demorand sur plusieurs points :

Fins de carrière : les enseignants pourront bientôt partir en « retraite progressive »

Pap Ndiaye a dans un premier temps affirmé son soutien à la principale mesure de la réforme des retraites menée par le gouvernement, particulièrement contestée par les travailleurs dont les enseignants : pour le ministre, « Les 64 ans, en effet, c’est juste » dans la mesure où il s’agit de « sauvegarder un système, pour nos enfants et nos petits-enfants » et parce que « l’espérance de vie a augmenté. » Il concède néanmoins que les enseignants présentent souvent des signes de fatigue liés au métier, notamment dans le premier degré, pour lequel il évoque des « troubles musculo-squelettiques. »

« Il y a […] de la fatigue qui est liée au métiers de l’enseignement »

Face à ce constat, Pap Ndiaye annonce vouloir généraliser la retraite progressive à partir de septembre : il s’agit en fait d’alléger son temps de travail et sa rémunération et de compléter cette dernière par une part de pension de retraite : « un moyen de passer en douceur ses dernières années. » Ce dispositif peut être entrepris « deux ans avant de faire valoir ses droits à la retraite. »

Autre piste évoquée : confier « d’autres tâches » aux enseignants en fin de carrière, comme le « tutorat » ou « l’accompagnement des élèves. »

Pap Ndiaye a en outre déclaré être « ouvert » à la question de la revalorisation des fins de carrière, expliquant : « Nous avons privilégié les débuts et les milieux de carrière parce que dans les comparaisons internationales, c’est là où le décalage […] est le plus accentué ».

Pacte enseignant : « ce n’est pas une rémunération au mérite »

Pap Ndiaye le martèle : l’attractivité du métier est une « question structurelle » qui comprend la hausse des salaires, mais aussi les « conditions de travail » et une « réflexion sur les carrières. » « On a plusieurs années de travail sur ces questions » a reconnu le ministre.

Concernant la revalorisation, il rappelle qu’elle s’accompagne en partie de « nouvelles missions » – c’est le fameux « pacte enseignant » introduit par Emmanuel Macron pendant l’entre-deux tours. « Ce n’est pas une rémunération au mérite » corrige cependant Pap Ndiaye lorsque Léa Salamé emploie ce terme.

Certaines de ces missions seraient obligatoires, notamment les « remplacements de courte durée » (d’un volume annuel « d’environ 72h ») et les « missions d’orientation et d’accompagnement des élèves. » L’heure de soutien hebdomadaire au collège assurée par les professeurs des écoles fait également partie de ces nouvelles missions.

Niveau des élèves : quelles solutions ?

Sur le niveau des élèves, trop bas en français et mathématiques, le ministre continue de tout miser sur la classe de sixième, avec l’heure de soutien hebdomadaire dans ces matières et avec le dispositif « Devoirs faits« . Il réaffirme son attachement aux fondamentaux :

« Je suis le ministre de l’écriture […] Il faut que nos enfants écrivent, il faut également qu’ils calculent »

En parallèle, Pap Ndiaye évoque la nécessité de « revaloriser » certaines disciplines : les mathématiques, la technologie, les langues vivantes et les lettres. Ces exigences ne satisfont pas toujours les syndicats, qui peinent à distinguer les priorités du ministère :

Harcèlement et homophobie à l’école : création d’un observatoire dans chaque académie

La question des violences homophobes à l’école a récemment refait surface dans le débat public, suite au suicide du jeune Lucas début janvier – un drame que le ministre avait évoqué au Sénat, non sans émotion. Pour lutter contre ce phénomène de harcèlement ciblé, il souhaite généraliser les « observatoires de prévention et de lutte contre les discriminations anti-LGBT+ » – un dispositif qui est déjà en place dans l’académie de Paris et qui selon le ministre donne de bons résulats. L’objectif : « former les communautés éducatives » à ce sujet.

Pap Ndiaye annonce également une « grande campagne de communication » pour le 17 mai, une date symbolique puisqu’elle correspond à la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie.

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