La France connaît une hausse de la précarité étudiante depuis plusieurs années. Image : Getty

Dans une tribune publiée le 19 septembre 2023 par Le Monde, quatorze présidentes et présidents d’université demandaient la mise en place d’une allocation d’études pour tous les étudiants français. L’objectif : leur permettre « d’étudier dans la dignité. » Les signataires plaident pour une « réforme structurelle » des bourses étudiantes.

Un étudiant sur deux saute des repas

Avec l’inflation, la précarité étudiante a significativement augmenté en 2023. Récemment, une enquête Linkee révélait que plus de 50 % des étudiants sautaient régulièrement des repas par manque d’argent. Face à ce constat, plusieurs présidents d’université ont signé une tribune demandant la création d’une allocation d’études.

Cette mesure permettrait selon eux de garantir un accès plus égalitaire aux études – plusieurs rapports témoignant de la faible proportion d’étudiants issus de familles modestes dans le supérieur – et d’accorder aux étudiants « une véritable reconnaissance économique et sociale » en plus d’un « revenu décent. »

« La création d’une allocation d’études pour tous permettrait de réduire les inégalités socio-économiques mais aussi les effets de ruptures familiales, favorisant ainsi l’accès aux études supérieures et la cohésion sociale. Cette mesure faciliterait par ailleurs le développement de l’autonomie des étudiants, qui pourraient s’engager pleinement dans leur parcours de formation, libérés du fardeau du stress financier qui affecte souvent leur réussite et leur santé mentale. »

La France pourrait pour cela prendre exemple sur des pays européens comme le Danemark, où « tout étudiant qui quitte le foyer familial y reçoit un revenu mensuel d’environ 800 euros. » L’allocation d’études donnerait en outre le temps aux étudiants de s’engager dans davantage de « projets pédagogiques, citoyens ou associatifs » et de « mobilités internationales. »

Sylvie Retailleau s’oppose à l’idée

La ministre de l’Enseignement Supérieur a depuis répondu aux signataires de la tribune sur Franceinfo. Elle estime que « donner à tous sans regarder les revenus » ne serait « pas la solution la plus efficace. » Elle a ensuite déclaré que « nous [avions] la responsabilité de former des citoyens » en montrant « que notre système social est basé sur un système de solidarité » et que la « priorité » était de « lutter contre la précarité. »

La ministre a enfin rappelé que le repas à 1 euro avait été pérennisé pour les boursiers et les non-boursiers et qu’une réforme des bourses « historique » était en cours, avec une enveloppe de 500 millions d’euros qui a permis aux étudiants concernés de toucher « entre 37 et 127 euros de plus par mois. »