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En novembre dernier, le gouvernement annonçait l’augmentation des frais de scolarité dans les universités pour les étudiants extra-communautaires. Ainsi, dès la rentrée 2019 et la mise en place du plan « Bienvenue en France », les étudiants étrangers devront s’acquitter de 2770 euros de frais d’inscription en Licence et de de 3770 euros en master.

Cette annonce a suscité la vive opposition de la communauté universitaire, et bon nombre d’universités ont déjà fait savoir qu’elles n’appliqueraient pas ces hausses. Face aux contestations, la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a confié aux députés Pascal Brindeau (UDI) et Marion Lenne (LREM), la rédaction d’un rapport d’information.

La France s’expose à « un risque de décrochage sur la scène internationale »

Le rapport parlementaire présenté mercredi 13 mars déplore la mise en oeuvre « précipitée » de cette réforme. D’après les auteurs, « tous les acteurs du monde universitaire s’accordent (…) pour indiquer que la mesure devrait produire, dans le court terme, un effet d’éviction aux conséquences potentiellement importantes ». En d’autres termes, cela signifie que l’attractivité de la France dans l’enseignement supérieur risque de souffrir du plan « Bienvenue en France ». Pour illustrer cela, les auteurs prennent en exemple les cas de la Suède et du Danemark, pays ayant également mis en place des politiques similaires en 2011 et 2006. Dans ces deux pays, le nombre d’étudiants étrangers a baissé de 30% en 3 ans en Suède et de 35% au Danemark dès la première année.

Le manque de dialogue entre les universités et leur ministère de tutelle a été vivement déploré par les représentants de la Conférence des présidents d’université. Situation qui semble être à  l’origine des nombreuses crispations entourant la mise en place de la stratégie « Bienvenue en France – Choose France ».

D’après Campus France, l’Agence française pour la promotion de l’enseignement supérieur, « le nombre d’étudiants étrangers hors UE candidats à une licence en fac est quasiment stable cette année ». Cependant, l’agence enregistre une forte baisse du nombre de dossiers soumis sur la plateforme « Études en France », notamment d’étudiants en provenance d’Algérie (-22,95%), du Vietnam (-19,72%), de Tunisie (-16,18%), du Maroc (-15,5%), de Côte d’Ivoire (-10,39%), du Mexique (-7.69%) ou encore de Turquie (-6,62%). Les étudiants venant de pays d’Afrique francophone représentent une « part importante » de la communauté étudiante actuelle souligne le rapport.

Des exonérations de frais dès 2020

Le rapport parlementaire conseille « en raison de l’opposition de nombreuses universités à la mise en place des frais de scolarité différenciés, le recours éventuel aux dispositions prévues aux articles R. 719-49 et R. 719-50 du code de l’éducation (…) d’accorder des exonérations des droits de scolarité ». La mise en place du plan « Bienvenue en France » fait prendre le risque à la France de perdre sa 4ème place de pays d’accueil d’étudiants internationaux, après les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie.

La FAGE, fermement opposée aux hausses des frais d’inscriptions pour les étudiants étrangers a salué dans un communiqué certaines propositions du rapport mais reste prudente face aux annonces et « demi-mesures ». Elle continuera de se mobiliser « pour le retrait de la hausse des frais d’inscriptions pour les étudiants internationaux et demande un moratoire des frais d’inscriptions dans l’enseignement supérieur ».