Le gouvernement veut généraliser le SNU à la rentrée 2026. Image : Getty

Alors qu’il était ministre de l’Education nationale, Gabriel Attal s’était clairement prononcé en faveur de la généralisation du Service national universel (SNU). « Je crois profondément que nous devons aller vers la généralisation du Service national universel pour que l’école puisse assumer pleinement cette mission et nous en partageons tous, je crois, l’objectif de former une communauté de républicains et de citoyens éclairés et unis », avait-il déclaré en octobre 2023.

Dans sa déclaration de politique générale face à l’Assemblée ce 30 janvier 2024, le nouveau Premier ministre a officialisé cette généralisation du SNU à la rentrée 2026.

« 50 000 postes d’enseignants »

« Notre réarmement civique c’est renforcer l’unité républicaine de notre jeunesse, c’est permettre à tous les jeunes de France de faire nation, c’est le rôle même du Service national universel. Je lance les travaux en vue de sa généralisation à la rentrée 2026 », a-t-il indiqué. Une mesure qui inquiète Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du syndicat de personnels de direction SNPDEN-Unsa.

« L’inspection générale estimait il y a quelques temps cette généralisation à 2,5 ou 3 milliards d’euros. C’est 50 000 postes d’enseignants », soulignait-il dans une interview publiée par France info le 31 janvier. « Qui dit généralisation du SNU dit deux semaines de cours perdues pour tout élève de Seconde car ça se fera forcément sur le temps scolaire. On fait la chasse aux heures perdues et [cette généralisation] va en générer presque un million ».

« Une somme dont l’Education nationale aurait bien besoin »

Une inquiétude partagée par Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat enseignant Snes-FSU. « Cette vision de la jeunesse, considérée comme dangereuse en puissance, est désastreuse », estimait-elle dans une interview à Libération le 30 janvier. Elle considère le SNU comme une « lubie présidentielle coûteuse, près de 2 milliards d’euros par an, une somme dont l’Education nationale aurait bien besoin pour faciliter l’émancipation de la jeunesse, et non sa mise au pas ».

Sur les réseaux, de nombreux enseignants ont également dénoncé le dispositif et son coût élevé.

Lancé par le Président de la République Emmanuel Macron en 2019 sous forme d’expérimentation, le Service national universel était jusqu’à présent basé sur le volontariat des participants, et se déroulait durant les vacances scolaires. Le gouvernement avait annoncé qu’un séjour de cohésion de 12 jours serait intégré au temps scolaire en mars 2024, ce qui avait suscité une vive polémique dans la communauté éducative. Depuis quelques mois, la généralisation est évoquée en filigrane dans les prises de parole gouvernementales. Le 19 septembre 2023, Prisca Thévenot indiquait ainsi vouloir « faire en sorte que ce service national universel devienne un passage républicain pour toute une génération », c’est-à-dire tendre vers « une obligation qui sera une généralisation ».