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D’après la note publiée par le ministère de l’Éducation nationale en novembre 2021, ce sont près de 27 700 candidats qui ont été admis aux concours enseignants organisés en 2020. Cette année marquée par la crise sanitaire a bouleversé l’organisation des concours. Les épreuves écrites se sont ainsi déroulées à des dates diverses selon les académies et sans épreuve orale. Ces perturbations ont favorisé les admissions multiples aux concours externes, notamment dans le premier degré public.
Comme chaque année, le nombre de recalés a été important. Près de 7 candidats sur 10 (sans compter les multicandidatures) ont raté les concours externes 2020 du primaire et du secondaire. Parmi les admis, nombreux sont ceux à avoir échoué l’année d’avant. Ainsi, 35% des admis aux concours externes de professeurs des écoles et 28% des admis aux concours enseignants du second degré en 2020, avaient eux-mêmes échoué lors de la précédente session.

Les étudiants d’INSPÉ en force

Les principaux admis aux concours d’enseignement sont sans surprise les étudiants. Ils représentent 57% des lauréats aux concours externes de l’enseignement public dans le premier degré et 63% dans le second degré. La plupart viennent de première année d’Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation (INSPÉ). Ils sont ainsi 52% à avoir été admis au concours externe de professeurs des écoles et présentent  le meilleur taux de réussite (35,8% contre 29,1% pour les autres étudiants par exemple). « C’est une belle satisfaction même si ce n’est pas une découverte. Les années précédentes, les taux de réussite au CRPE (Concours de Recrutement de Professeurs des Ecoles, Ndlr) des étudiants MEEF(Métiers de l’Enseignement, de l’Éducation et de la Formation, Ndlr) étaient déjà supérieurs à ceux des étudiants d’autres masters. En effet, le master MEEF mention premier degré vise à faire acquérir aux étudiants les compétences professionnelles (disciplinaires, didactiques, pédagogiques, liées au contexte d’exercice du métier) du métier de professeur des écoles tout en les préparant au CRPE », commente le réseau des INSPÉ.

De meilleurs résultats des étudiants pour le second degré


Toutefois les choses diffèrent un peu dans le second degré puisque les étudiants hors INSPÉ ont obtenu un taux de réussite légèrement supérieur à celui des étudiants d’INSPÉ (31,2% vs 30,7%). Et la tendance s’est confirmée en 2021 (31,8% de réussite pour les étudiants hors INSPÉ contre 30,1% pour ceux de l’INSPÉ). Comment expliquer ce taux moins élevé ? « On note que la part d’étudiants hors INSPE parmi les inscrits augmente à chaque session entre 2019 et 2021, ce qui peut expliquer en partie l’évolution des taux de réussite (données DGRH-hors CPE et Psy EN) », nous répond le ministère de l’Education nationale. Du côté du Réseau des INSPÉ, on avance que ce taux de réussite légèrement moindre peut s’expliquer par la nature et les contenus de certains CAPES qui étaient jusque-là encore très centrés sur la maîtrise des savoirs et peu, voire pas du tout pour certaines disciplines, sur les compétences pour enseigner les savoirs scolaires aux élèves. « Nous pouvons penser, et c’est ce que nous souhaitons au Réseau des INSPÉ, qu’avec le nouveau concours (session 2022), les étudiants seront désormais recrutés non seulement comme des experts dans les contenus enseignés mais aussi dans la méthodologie de leur transmission et de la construction des savoirs par les élèves », explique le Réseau des INSPÉ. 

4 admis sur 10 ne sont pas étudiants

Les concours externes sont également ouverts à d’autres catégories que les étudiants : salariés du secteur privé, fonctionnaires appartenant à un autre ministère que celui de l’Éducation nationale, personnes sans emploi, personnels d’éducation et de surveillance et enseignants. Cette reconversion dans l’enseignement est plus significative pour les concours externes du premier degré public. Les candidats non étudiants représentent 44% des admis pour le premier degré et 37% pour le second degré dans l’enseignement public avec toutefois des résultats variables. Ainsi, les candidats hors Éducation nationale ou sans emploi ont à peu près 30% de réussite au concours externe du public et devancent même d’une courte tête les étudiants hors INSPÉ (29,1%) aux concours de professeurs des écoles. Pour les concours du second degré, leur taux de réussite (respectivement de 21% et 22%) est moins élevé que celui des étudiants en INSPÉ (30,7%) et hors INSPÉ (31,2%) mais demeure toujours plus élevé que celui des enseignants (14,2%) et celui des personnels d’éducation et surveillance (11,8%).  Ils gagnent 5 et 6 points par rapport aux concours de 2019.
Depuis 2013, la part des actifs non enseignants s’orientant vers l’enseignement se renforce et celle des étudiants admis recule en particulier dans le privé (- 9 points entre 2013 et 2020 pour le premier degré, – 5 points pour le second degré). Cette diminution s’inscrit dans un contexte plus général. Depuis 2017, il y a en effet moins d’étudiants inscrits en INSPÉ dans les masters MEEF.

Des recrutements féminins et jeunes

Les candidats admis aux concours enseignants sont principalement des femmes en particulier dans le premier degré et dans l’enseignement privé. Dans les concours externes, la part de femmes diminue. Elles sont tout de même plus représentées dans l’enseignement primaire (84% dans le public et 93% dans le privé sous contrat) que dans le secondaire (52% et 65%). Dans les concours internes, leur part augmente dans le primaire contrairement au secondaire.
Enfin, les deux tiers des lauréats des concours externes de l’enseignement public ont moins de 30 ans. Ils sont un peu plus de la moitié dans l’enseignement privé. Entre 2013 et 2020, en raison de la réforme des formations des enseignants et de la diversification des profils des candidats, la moyenne d’âge des admis a augmenté d’un à trois ans.