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Pour mettre en oeuvre la réforme de la formation et du recrutement des enseignants et des CPE et dans un « contexte difficile » , le Réseau des Inspé a créé de nouvelles maquettes pour les masters MEEF.

Le 8 juillet dernier, le CNESER (Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche) devait rendre un avis sur cette nouvelle offre de formation, élaborée avec la CPU et les universités et partenaires académiques.

En désaccord avec la réforme, le Conseil a « refusé de se prononcer » sur les maquettes.

Nouvelle réforme, nouveau master

La réforme en question prévoit notamment, dès la rentrée 2021, de placer le concours en deuxième année (jusqu’ici, les étudiants le passaient à l’issue de la première année) et de supprimer le statut de fonctionnaire stagiaire qui s’ajoutait jusqu’ici au statut étudiant. La titularisation est alors « renvoyée à une troisième année. »

Les étudiants se retrouveront néanmoins toujours en responsabilité devant les élèves, dans le cadre d’une alternance (qui correspond à un tiers temps d’enseignement) ou d’un stage long de 18 semaines au cours du master (en S2-S3 ou S3-S4).

Une réforme controversée

Depuis les débuts de la réforme, ces nouvelles modalités ne font pas l’unanimité parmi les enseignants, comme en témoigne une tribune publiée dans le journal Le Monde en février dernier.

Le Sgen-CFDT a également publié plusieurs communiqués dénoncant une réforme qui a pour conséquence de rendre les masters MEEF « dissuasifs » plutôt qu’attractifs, et qui utilise les étudiants en formation comme des « moyens d’enseignement » à faible coût.

Les enjeux de la « réforme » de la formation des enseignant·es et des CPE étaient d’« attirer » des candidat·es, de « mieux former » et de « mieux recruter ». […] L’évolution de la formation se traduit finalement par la précarisation des étudiant·es, les inégalités de traitement, la fragilisation des équipes de formateurs et de formatrices, la désorganisation du schéma de formation et un localisme généralisé.

Sgen-CFDT

Par conséquent, le syndicat – qui déplore la « programmation tardive » de l’examen des dossiers d’accréditation – a décidé de ne pas voter lors de leur présentation au CNESER le 8 juillet.

Un M2 trop chargé ?

Dans un communiqué de presse, le Réseau des Inspé lui-même a émis ses réserves quant aux changements annoncés par la réforme et à leur mise en oeuvre. Le communiqué déplore que « les conditions pour atteindre l’objectif d’une meilleure professionnalisation ne [soient] à ce jour pas réunies. »

En cause selon le Réseau : un M2 trop chargé, qui comprend la validation du diplôme et du concours, le mémoire et l’expérience professionnelle (« avec une alternance majoritairement placée en M2 S3-S4 »).

Sur le site du gouvernement consacré à la formation des enseignants, on trouve l’argument contraire :

Le positionnement du concours en fin de M2 présente l’avantage de ne plus couper le master en deux années et de permettre aux étudiants d’étaler les objectifs : la préparation du diplôme en M1 ; le concours et le diplôme en M2 puis la titularisation l’année suivante.

Le communiqué alerte également sur les difficultés rencontrées par les Inspé concernant les ressources humaines (difficultés à mobiliser des enseignants ou des tuteurs de stage) et sur un « modèle économique qui n’a fait l’objet d’aucune discussion au niveau national » et doit être géré par chaque Inspé.

Pour le Réseau des Inspé, ces différents facteurs nuisent à l’attractivité du master, conduisent à une « rentrée très incertaine » et rendent « illisibles » les parcours de formation des futurs enseignants.