© Pariscience / « Pas si bêtes » Les mystères de l’oie / Camera Lucida

Samuel Guiton a réalisé le film Les Mystères de l’Oie, qui sera accessible au public à partir du 4 octobre dans le cadre du festival Parisience édition scolaire 2021.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Samuel Guiton. Après avoir étudié l’éthologie et la biologie de la conservation, j’ai décidé d’allier ma passion de la nature et celle de l’image en m’orientant vers le documentaire animalier.

Depuis maintenant plus de 10 ans, je travaille sur des films qui ont pour objectif de sensibiliser le public au monde naturel qui l’entoure, et à sa préservation. J’ai débuté comme caméraman, mais depuis quelques années j’écris et je réalise mes propres films.

Ce film est le troisième épisode de la série « Pas si bêtes ! » que vous co-réalisez. Pouvez-vous nous en parler ?

Le projet « Pas si Bêtes » est à l’origine une idée de Valérie Grenon, la productrice, et d’Alexandra Ternant, la co-auteure de la série. L’ambition de ce projet était de découvrir les animaux d’élevage sous un autre angle. Les animaux de la ferme souffrent de préjugés tenaces et le public a souvent une image assez négative de ces espèces.

Pour mieux les comprendre, il était important qu’Hervé Glabeck (réalisateur des deux premiers épisodes) et moi-même, allions à leur rencontre dans des élevages où ils pouvaient exprimer leurs comportements naturels. C’est pourquoi, pour les trois épisodes, nous avons choisi et rencontré des agriculteurs attachés à leurs animaux et respectueux de leurs conditions de vie.

Un autre objectif de la série était de souligner que ces animaux, bien que domestiqués depuis des milliers d’années, possèdent toujours en eux une grande part de sauvage. C’est pourquoi dans chaque film, nous explorons également la vie de leurs cousins vivant librement, en pleine nature.

Pourquoi avoir choisi le thème de l’intelligence animale pour ces documentaires ?

L’homme s’est toujours volontairement distingué de la nature sous couvert d’une intelligence supérieure, et s’est attribué le droit de disposer du reste du vivant. Cette logique est poussée à l’extrême dans le cadre des élevages intensifs, où l’on nie même la capacité des animaux à souffrir (physiquement et psychologiquement). Ces dernières années, les scientifiques ont fait des découvertes surprenantes sur l’intelligence, la vie sociale, les capacités d’adaptation et la grande sensibilité de ces animaux. Dans ces documentaires, nous nous adressons aux éleveurs comme aux consommateurs, et tentons de rendre justice à ces espèces souvent peu considérées, et qui se révèlent passionnantes lorsqu’on s’y intéresse.

Ce troisième film porte sur l’oie…

L’oie est un oiseau dont on se méfie, que l’on qualifie d’agressif ou de « méchant » et que l’on voit plus volontiers dans son assiette que dans son jardin. Par l’intermédiaire d’une éleveuse, d’un passionné et de scientifiques, nous découvrons cet animal plus proche de l’humain qu’il n’y paraît : l’oie a par exemples des habitudes immuables (couple exclusif, réutilisation des sites de ponte d’une année à l’autre, migration…) Chaque groupe d’oies s’organise comme une véritable société, avec sa hiérarchie et ses règles. Des découvertes très récentes permettent même d’envisager que les individus s’échangent des informations et modifient leurs comportements en fonction des situations. On pourrait presque parler de transmission culturelle, qui serait à l’origine d’une fantastique capacité d’adaptation et pourrait permettre aux oiseaux sauvages de réagir face aux gros défis qui les attendent, comme le changement climatique.

Le film est destiné, au sein du festival Pariscience édition scolaire, à des élèves de cycle 3. En quoi est-ce un film adapté pour les plus jeunes ?

Aujourd’hui, la jeunesse est particulièrement concernée et consciente des enjeux environnementaux. Or, dans très peu de temps, ce seront eux qui donneront les directions à suivre et choisiront dans quel monde nous vivrons.

En troisième cycle, les enfants commencent à prendre conscience que leur mode de consommation à des conséquences, et à se poser les bonnes questions : c’est justement le moment où ils doivent être stimulés dans cette réflexion. Nous ne cherchons pas à les faire devenir végétariens – ce n’est pas le propos de cette série – mais simplement à les faire reconsidérer ces animaux en tant qu’êtres vivants.

Pour sensibiliser le public à certaines causes, il est souvent pertinent de s’adresser aux plus jeunes, dont l’esprit n’est pas encore modelé par les habitudes. Ils n’ont pas non plus blindé leurs émotions et font souvent preuve d’une grande empathie envers les animaux. Dans ces films, sans raconter d’histoires anthropomorphiques à la Disney, nous leur offrons la possibilité de mieux connaître un animal par le biais de gens qui en parlent simplement et avec passion.

Quels messages souhaitez-vous transmettre au public ?

Cette série n’est pas une action militante contre l’élevage intensif, mais de manière indirecte elle doit amener le spectateur à comprendre que ces animaux ne sont pas juste des machines à produire de la viande, des oeufs ou du lait. Ces films invitent le spectateur à reconsidérer notre rapport utilitariste à la nature.