Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Cécile Chabaud, j’enseigne la langue et la littérature françaises depuis plus de vingt ans. J’ai travaillé dans la Somme, puis dix ans en Seine-Saint-Denis et je suis à présent dans un collège parisien.

Vous venez de publier « Prof ! », un recueil de petits « instantanés » drôles ou émouvants sur votre quotidien dans un collège difficile. Qu’est-ce qui vous a poussé à l’écrire ?

J’ai commencé à écrire parce qu’il me semblait dommage d’oublier certaines anecdotes ou certains élèves qui m’avaient marquée. Qu’elles soient comiques ou graves, les interactions que l’on vit avec les adolescents au sein d’une classe méritent vraiment d’être partagées.

Toutes les histoires que vous racontez dans le livre sont-elles vraies ou une partie est-elle romancée ?

Toutes les histoires racontées ont été vécues. Certains personnages sont le mélange de plusieurs élèves mais ils existent tous ; seuls leurs prénoms ont été changés. A l’exception de Mehdi, le garçon de ma dernière histoire, à qui ce livre est dédié. J’ai choisi de planter le décor dans un collège du 93 parce que ce sont mes élèves du Blanc-Mesnil qui m’ont formée, bien mieux que n’importe quelle institution. Mais de nombreuses anecdotes ont eu lieu dans mon établissement actuel qui se trouve dans le 15ème arrondissement de Paris, ce qui prouve bien que les ados sont les mêmes partout.

Vous portez un regard positif sur ces années en collège difficile, alors que les conditions d’enseignement en zone prioritaire sont souvent critiquées. Par ce témoignage bienveillant, souhaitez-vous en montrer aussi les « bons » côtés ? 

Mes premières années en banlieue ont donné lieu à de formidables rencontres. Une fois qu’on a réussi à intéresser les élèves, par le savoir qu’on leur transmet et par l’attention qu’on leur porte, ils ne sont pas différents des autres. Ce qui diffère, et qui rend les choses considérablement difficiles, ce sont les conditions dans lesquelles ils vivent. C’est la société qu’on leur propose. A nous donc de ne pas baisser les exigences, et de vouloir le meilleur pour eux, pour leur permettre de faire ce qu’ils veulent de leur vie et ne pas la subir.

Sans trop dévoiler le contenu de l’ouvrage, quelle est votre anecdote préférée ? 

Si j’en choisissais une, j’aurais l’impression d’être infidèle aux autres, c’est donc une question bien compliquée. Il m’arrive encore de sourire, voire de rire en me relisant, plongée dans ce mélange d’écriture familière et plus classique que j’ai choisi pour le livre. Néanmoins, j’ai une tendresse particulière pour les textes qui évoquent de grandes douleurs d’élèves. La forme me touche, le fond me bouleverse. Cela me rappelle pourquoi je fais ce métier.

Avez-vous eu des retours de collègues et d’élèves sur votre livre ?

Sans surprise, les collègues qui ont la même vision de l’enseignement et des élèves que moi ont aimé le livre. Les parents également. Ils ont aimé découvrir leurs enfants dans un contexte qu’ils ne connaissent absolument pas : la classe. C’est ce qui me fait dire que c’est un livre sur l’adolescence, bien plus que sur l’Education nationale. Par ailleurs, j’ai eu beaucoup de retours d’ados qui ont lu le livre et l’ont adoré, parce qu’ils se sont tout à fait retrouvés dans ces personnages. Et que ces situations, c’est leur vie. Leurs bonheurs, leur mal-être. L’ouvrage s’appelle « Prof ! », mais les héros, ce sont eux.

Tu fais quoi dans la vie ? Prof ! édition l’Archipel