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Dans le cadre de la semaine du cerveau, vous tiendrez une conférence d’ouverture sur la préparation mentale du sportif. Quelles en seront les grandes lignes ?

La conférence d’ouverture « Préparation mentale du sportif : entraîner (aussi) son cerveau » se tiendra en ligne ce lundi 15 mars à partir de 18h30. Mon collègue, Lilian Fautrelle, enseignant-chercheur, et moi-même animerons ce webinaire.
Au cours de cette intervention, nous évoquerons le contexte de la performance sportive pour expliquer en quoi la préparation mentale est utile voire nécessaire pour performer en situation de compétition. Nous aborderons aussi les aspects émotionnels en relation avec les mouvements du sportif. Concrètement, il s’agira de savoir de quelles manières le contexte émotionnel va impacter les mécanismes neuronaux qui permettent de réaliser des mouvements précis et rapides.

Nous nous intéresserons aussi aux bénéfices de la préparation mentale à l’aide de témoignages de sportifs et d’explications scientifiques. Nous ciblerons une étude en particulier qui a essayé de vérifier si la préparation mentale a bien un effet sur l’amélioration des compétences et des performances des sportifs.
Enfin, dans la dernière partie de la conférence, nous parlerons des pratiques : comment fait-on concrètement pour entraîner ces aspects mentaux de la performance. À nos côtés, pour décrypter les secrets de cette préparation mentale, nous aurons la chance d’avoir le témoignage d’un nageur de haut niveau, de l’entraîneur de l’équipe de France d’escalade et d’un préparateur mental.

Pouvez-vous nous expliquer sur quoi repose cette préparation mentale ? Comment bien s’entraîner à l’approche d’une compétition ?

La préparation mentale est une démarche globale. Ce n’est pas seulement des exercices à appliquer. Dans un premier temps, il faut partir d’une analyse des besoins de l’athlète (réguler ses émotions, améliorer sa motivation, gérer son stress, contrôler son attention…) en fonction du type d’épreuve sportive qu’il a à affronter. À partir de là, nous allons choisir des outils pour travailler sur des techniques mentales.
L’une des premières techniques mentales repose à mettre par écrit les objectifs de l’athlète en fonction des différentes échéances de compétition (Jeux Olympiques, Championnat du monde, etc.). L’imagerie mentale est aussi très utilisée. Il s’agit par exemple de se répéter mentalement un mouvement pour améliorer ses performances ou s’imaginer mentalement une situation de réussite pour augmenter sa confiance en soi.

Quels mécanismes cérébraux sont impliqués dans cette préparation ?

Tout dépendra du type de processus que nous souhaitons solliciter. Cela peut être les émotions, la motivation, le contrôle du mouvement ou encore le processus attentionnel. Si nous nous intéressons par exemple aux aspects du contrôle du mouvement, nous verrons donc les différentes étapes qui vont commander le mouvement.
Un mouvement est un programme moteur qui est envoyé par le cortex puis qui va transiter par la moelle épinière pour arriver jusqu’aux muscles. Pendant ce chemin, le message nerveux peut être modifié par exemple par le contexte émotionnel. L’idée est donc de travailler avec l’athlète pour qu’il soit mentalement prêt. Nous pouvons par exemple, par le biais d’images ou de scénarios, le mettre dans des situations données afin d’étudier ses réactions émotionnelles et les travailler si nécessaire.

Pourquoi la préparation mentale est-elle indispensable ? Joue-t-elle un rôle clé dans la réussite du sportif ?

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Pour y répondre, nous pouvons nous appuyer sur les témoignages des sportifs. L’Insep a réalisé une enquête auprès des athlètes français sélectionnés aux Jeux Olympiques de Rio en 2016. Il en ressort deux choses :

  • La préparation mentale est un élément que les sportifs signalaient comme manquant à leur préparation ou à améliorer. L’étude montre qu’un tiers des sportifs interrogés ne fait jamais de préparation mentale alors que c’est un pilier susceptible de faire la différence.
  • Pour les athlètes ayant eu accès à cette préparation mentale, celle-ci est citée comme l’un des premiers éléments de réussite lors des Jeux Olympiques. Il est noté que les finalistes sont ceux qui ont fait le plus de préparation mentale.

L’un des premiers apports de la préparation mentale est d’être capable de gérer une pression qui va susciter de l’anxiété chez le sportif. Si sur le plan mental, l’athlète n’est pas bien préparé, il ne pourra pas tirer profit de toute la préparation qu’il a faite par ailleurs sur les autres aspects de la performance. La préparation mentale sert ainsi à rendre efficace tout le reste de la préparation.

En dehors des compétitions, la préparation mentale permet aussi de supporter un grand nombre d’heures d’entraînements, de concilier efficacement vie professionnelle et vie personnelle, d’avoir un bon niveau de relation sociale avec son entourage et de gérer efficacement la relation avec les médias.

Un athlète bien préparé mentalement est donc plus efficace. Mais a-t-il moins de risques de se blesser ?

Effectivement, il sera plus efficace et concentré lors des compétitions. En revanche, nous n’avons pas encore d’études qui évaluent l’impact sur le risque de blessures. Je ne peux donc pas affirmer que la préparation mentale réduira le risque de blessures. Mais, ce que l’on sait, c’est qu’en cas de blessures, elle va aider l’athlète à se fixer des objectifs de reprise de l’activité, à accompagner cette réathlétisation par des exercices sur le travail mental et à entretenir ses habilités techniques et tactiques. Elle permet ainsi au sportif de se sentir bien mentalement et physiquement mais aussi de mieux gérer les phases de récupération et de rester en bonne santé.

Qui gère la préparation mentale du sportif ?

Si nous nous fions aux enquêtes de l’Insep, c’est souvent un préparateur mental extérieur à la structure d’entraînement qui intervient auprès des sportifs. Dans d’autres cas, l’entraîneur lui-même peut la prendre en charge.

Enfin, est-ce que grâce à un mental bien préparé, un sportif peut réaliser un exploit ?

C’est tout à fait possible. Après une bonne préparation mentale, l’athlète va chercher à atteindre ce qu’on appelle l’état de « flow ». C’est le but ultime du sportif. Une situation où il va avoir l’impression de tout maîtriser, d’être en avance sur son adversaire, de percevoir clairement les choses et de dominer totalement le moment. C’est un état maximal de concentration et de réussite très prisé par les sportifs et à travailler lors des séances de préparation mentale. Cet état va permettre de résister à de très longs efforts, de se surpasser et d’atteindre l’exploit sportif.

Pour s’inscrire à la conférence du 15 mars, c’est ici.