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Dans le cadre des « mardis de l’IH2EF », l’institut des hautes études de l’éducation et de la formation a organisé ce 15 décembre un webinaire intitulé « Qualité de vie au travail : mieux vivre son quotidien professionnel de personnel d’encadrement. » Ce thème a été choisi suite au contexte particulier vécu depuis plusieurs mois par les personnels de direction. La crise sanitaire a en effet eu de lourdes conséquences sur leurs missions du quotidien (application et respect du protocole sanitaire, mise en place de nouveaux outils numériques pour garantir le travail à distance…) jusqu’à modifier l’organisation pédagogique et les conditions de travail de chacun. Ce webinaire a ainsi eu pour but de « mesurer les effets du confinement, connaître, évaluer et proposer des pistes d’actions pour améliorer le bien-être et la qualité de vie au travail des personnels d’encadrement », précise l’IH2EF sur sa chaîne YouTube. Le débat a été lancé par Georges Fotinos, ancien chargé de mission d’inspection générale, et José Mario Horenstein, médecin psychiatre, suivi par les interventions d’un IGSR, d’un proviseur, d’un IEN et d’une psychologue scolaire.

« Soulager les tâches par la délégation »

Parmi les propositions avancées, le « leadership partagé », explique Eric Tournier, inspecteur général (IGSR). Une solution qui pourrait, selon lui, participer au bien-être au travail à la fois des cadres mais aussi de tous ceux placés sous leurs responsabilités. « Le ‘leadership partagé’ permet en effet de soulager les tâches, les missions et les responsabilités par la délégation et par l’appui sur l’expertise d’autrui », détaille-t-il. Il donne à voir une « autre image du personnel d’encadrement tournée vers la confiance, l’ouverture et l’écoute à des propositions » mais aussi « tournée vers le dialogue et la concertation ». Selon l’inspecteur général, cette solution permettrait également « d’intégrer dans un collectif ceux qui sont isolés et ceux qui peuvent se trouver en difficulté professionnelle ».

Crise sanitaire : 75% des perdirs ont constaté une dégradation de leurs missions

Dans la première partie de ce webinaire, Georges Fotinos, ancien chargé de mission d’inspection générale et José Mario Horenstein, médecin psychiatre, sont revenus sur leur enquête, menée en région Ile-de-France à la suite du premier confinement. Celle-ci a eu pour objectif de mesurer les impacts relationnels et fonctionnels liés à ce contexte sanitaire particulier. L’enquête a par exemple révélé que 75% des perdirs ont constaté une dégradation de leurs missions depuis cette crise sanitaire et 81% ont perdu la confiance qu’ils avaient envers l’institution. L’étude a aussi montré que plus de la moitié des perdirs ont estimé ne pas pouvoir assumer tout ce qu’ils devaient faire et 71% se sont sentis nerveux ou stressés.
Dans un article, publié par Vousnousils et consacré à cette étude -soutenue par la CASDEN et le SNPDEN Ile-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes- les chercheurs préconisaient de créer une rubrique « encadrement sous stress » comme une compétence nécessaire pour exercer sur un poste de Direction ou d’Inspection. Ils demandaient ainsi à l’inscrire comme une obligation dans la formation initiale et continue de tous les personnels d’encadrement de l’Education nationale.

Pour G. Fotinos, une autre recommandation est essentielle « pour réduire les impacts de cette crise sanitaire » : la prise en compte de la gestion des ressources humaines dont la qualité de vie au travail. « Il s’agit du levier majeur », indiquait-il, précisant qu’elle est souvent associée « aux risques psycho-sociaux mais c’est beaucoup plus large que cela. La QVT, c’est le domaine relationnel, les conditions de travail mais aussi l’autonomie », confiait-il enfin lors de ce webinaire.