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Suite à la lettre de mission du ministre Jean-Michel Blanquer le 1er septembre, le Conseil Supérieur des Programmes a publié le 9 décembre une « Note d’analyse et de propositions du CSP sur le programme d’enseignement de l’école maternelle. » Un document qui formule des propositions d’aménagement du programme actuellement en vigueur à l’école maternelle.

Cette volonté d’aménager le programme résulte notamment des changements impliqués par la Loi pour une école de la confiance de 2019, dont l’instruction obligatoire dès 3 ans. Cette obligation d’instruction pourrait se transformer en obligation de scolarisation via le projet de loi sur les séparatismes – désormais appelé projet de « loi confortant les principes républicains ».

Préparer au cours préparatoire

Ce document entend « clarifier et enrichir les attendus des enfants en fin d’école maternelle ». L’un des objectifs est de préparer aux apprentissages du cours préparatoire : « lire, écrire, compter, respecter autrui ».

« Sans pour autant être l’antichambre de l’école élémentaire, l’école maternelle doit permettre à tous les enfants d’accéder sans difficulté préalable aux apprentissages fondamentaux »

Il s’agit aussi d’évaluer régulièrement les enfants pour mesurer leur progression avant l’évaluation des acquis au début du CP. A ce sujet, le document du CSP s’appuie sur l’expertise du Conseil scientifique de l’Education nationale et insiste sur la nécessité de ces évaluations faites « notamment au moyen de livrets de jeux », évoquant les « compétences » attendues des élèves.

« Dès l’âge de 3 ans et dans de nombreux domaines, les enfants disposent de compétences qu’on peut mesurer et dont on peut indiquer les jalons de progression ainsi que les « attendus » à la fin de l’école maternelle. »

Lire, écrire, compter

Cette préparation en maternelle aux attendus du CP s’organise en quatre points principaux : la place du jeu, l’apprentissage du langage, l’apprentissage des nombres et l’introduction aux sciences. A plusieurs reprises, les auteurs de la note évoquent une ligne directrice : « lire, écrire, compter ».

Les propositions du CSP mettent donc l’accent sur certains fondamentaux : français, mathématiques, sciences. Le document rappelle au passage que les évaluations en français et mathématiques de 2018 à l’entrée au CP ont révélé un « niveau insuffisant » dans la connaissance des lettres et dans l’utilisation des nombres.

Concernant les sciences, la note prévoit de familiariser les élèves dès la maternelle avec les « notions de temps et d’espace », et avec « le monde du vivant, des objets et de la matière ». Une introduction aux principes de raisonnement, comme le lien de cause à conséquence, est également prévue pour encourager une « perspective rationnelle ».

Des propositions contestées

Depuis sa publication, le document a fait l’objet de vives objections de la part notamment de syndicats. Le SNUipp-FSU, par exemple, parle d’un « manque de connaissance de l’école maternelle » et estime que la volonté d’évaluer les enfants revient à « faire fi des différences de rythme et de développement des élèves ». Le syndicat rappelle également que le programme de 2015 fait l’objet d’un consensus au sein de la communauté éducative.

Marc Bablet parle sur Mediapart d’une « conception des apprentissages scolaires qui « technologise » le processus d’enseignement en demandant aux enseignants d’être d’abord soucieux de « résultats ».

Enfin, certains syndicats dénoncent la part inexistante faite aux apprentissages liés au corps ou aux arts.