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Une étude, intitulée « Impacts psychosociologiques Covid-19 et déconfinement sur les personnels de direction de la région Ile-de-France » et soutenue par la Casden, vient d’être publiée. Réalisée via un questionnaire de 56 questions du 9 juin au 6 juillet, elle a été menée par Georges Fotinos, ancien chargé d’Inspection générale de l’Education nationale et José Mario Horenstein, médecin psychiatre. Au total, 1042 réponses ont été recueillies soit une participation « de près de 52 % des personnels de direction » de la région Ile-de-France.

L’objectif de cette enquête est de « connaître et d’évaluer les impacts de la crise du Covid-19 et du déconfinement sur les perdirs de cette région académique, d’une part sur leur santé et d’autre part sur l’exercice de leur métier ».  

8 perdirs sur 10 observent une dégradation de la confiance envers l’institution

Après analyses des réponses, l’étude montre ainsi que la crise sanitaire liée au Covid-19 a provoqué chez les perdirs des « évolutions spontanées dans la pratique de leur métier et des comportements psychologiques inquiétants », précise le document. La dégradation du statut de cadre autonome est par exemple indiquée par plus de 6 perdirs sur 10 tandis que celle des conditions de travail/tâches professionnelles est observée par plus de 9 perdirs sur 10. L’étude note aussi que 8 perdirs sur 10 observent une dégradation de la confiance envers l’institution.

Néanmoins, des évolutions positives sont aussi remarquées : 92% des perdirs indiquent que cette période de crise a favorisé la liberté de créer et d’innover tant au bénéfice des élèves que des enseignants et 88% indiquent que l’expérience collective acquise peut modifier leur projet d’établissement.

De forts impacts psychologiques

Concernant les impacts psychologiques, l’étude montre que 17% de perdirs ont « eu des troubles du sommeil en donnant comme raison des pensées sur le coronavirus » et 55% se plaignaient « d’avoir des difficultés à s’endormir ». Par ailleurs, 58% des participants au questionnaire présentent des « niveaux d’anxiété cliniquement significatifs » et 11,32% ont même des « pensées suicidaires ou d’automutilation ». D’autre part, plus de la moitié des perdirs ont estimé ne pas pouvoir assumer tout ce qu’ils devaient faire et 71% se sont sentis nerveux ou stressés.

Selon l’enquête, la crise sanitaire a mis en évidence « des situations qui lui préexistaient notamment celles sur la détérioration de qualité de vie au travail, perte du sens du métier et de l’autonomie, une gouvernance générale « descendante et verticale », une fatigue professionnelle et une suspicion de burnout trop fréquentes. »

Créer une rubrique ‘encadrement sous stress

Au regard de l’intensité des réponses péjoratives quant à la santé des perdirs et aux conséquences pour les personnes placées sous leur responsabilité », les auteurs de l’étude notent que « la seule prise en compte médicale ou centrée sur l’amélioration des conditions de travail s’avère insuffisante. » Ils proposent, entre autres, de considérer une rubrique « encadrement sous stress » comme une compétence nécessaire pour exercer sur un poste de Direction ou d’Inspection. Ils demandent ainsi à l’inscrire comme une obligation dans la formation initiale et continue de tous les personnels d’encadrement de l’éducation nationale.