Une salle de classe vide © Capture d’écran France 3 régions

Après plusieurs semaines de confinement et de travail à distance, vous avez retrouvé votre classe. Comment se passe ce retour ? Y étiez-vous favorable ?

C’est une question qui me partage. En tant qu’enseignante, je suis consciente qu’il y a des enfants dans des situations familiales très difficiles et pour eux, l’école représente un lieu de sécurité et de bien-être. Pour ces enfants, je pense, qu’il était indispensable de retrouver le chemin de l’école. Mais d’un point de vue sanitaire, il faut se montrer très vigilant… car à l’école, le risque de contamination peut être fort si les mesures barrières ne sont pas respectées… De toute manière, que je sois favorable ou pas au retour à l’école, nous ne pouvions pas y échapper. Ce retour fait partie de notre actualité, le gouvernement était très clair sur la question.

Les parents avaient malgré tout le choix de renvoyer ou pas leur enfant à l’école. Pour les enfants dont les parents ont refusé, nous poursuivons toujours l’école à la maison pour que personne ne soit délaissé.

Combien d’élèves accueillez-vous aujourd’hui ?

Avant de les accueillir, nous avons envoyé un questionnaire aux parents pour savoir s’ils souhaitaient remettre leur enfant à l’école. En fonction des réponses, nous avons réorganisé nos classes.
Les parents de notre école ont reçu beaucoup de communication sur la reprise de l’école détaillée à la fois par la direction mais aussi de façon plus personnalisée par l’enseignant.

Aujourd’hui, j’accueille 10 enfants dans une classe de grande section et 8 dans l’autre. Les effectifs sont très réduits ! Les classes de CE1 et de petites sections n’ont toujours pas fait leur retour à l’école. De plus, nous avons beaucoup d’enfants de familles prioritaires car nous sommes à proximité du CHU de Caen et d’un commissariat de Police. Notre école était d’ailleurs ouverte pendant la période de confinement pour garder les enfants des personnes soignantes et des forces de l’ordre.

D’un point de vue général, les enfants sont très contents de revenir à l’école même si l’ambiance en classe n’est pas tout à fait la même et que beaucoup de consignes sont à respecter… Mais nous avons fait en sorte que la reprise se passe bien au niveau du bien-être de l’enfant et du respect des mesures d’hygiène et de sécurité.

Concrètement, comment s’est déroulée la pré-rentrée des enseignants ?

Nous avons la chance d’avoir une directrice très efficace. Elle a travaillé pendant toute la durée du confinement pour que l’école soit prête à accueillir de nouveau l’intégralité des élèves.
Quand nous avons appris que les écoles allaient réouvrir, nous avons eu plusieurs réunions en téléconférence avec toute l’équipe et la direction pour organiser ce retour. Durant les réunions, on nous a rappelé les mesures sanitaires à respecter : comment mettre et enlever les gants, comment porter son masque, le sens de circulation des élèves et du personnel dans l’école, etc.

Nous essayons d’appliquer au mieux ces consignes. Tout le personnel est très dévoué et c’est un bel exemple pour les élèves !

De quelle façon avez-vous assuré les cours à distance pendant le confinement ? Et les assurez-vous toujours pour les élèves restés chez eux encore aujourd’hui ?

Mes collègues et moi-même avons fait preuve de beaucoup d’innovation pendant le confinement. Pour ma part, c’est un exercice que je connais : je donnais des cours à distance en anglais à des étudiants à l’université. Mais j’ai malgré tout fait des recherches sur les meilleures façons d’apprendre à distance. Je pense que l’interaction avec les élèves doit toujours exister malgré la distance. Pendant le confinement, et même encore aujourd’hui pour les élèves qui n’ont pas souhaité revenir, je fais une « storytime » où je lis des histoires aux enfants de mes classes. Il est important que nous continuions de partager des moments ensemble et que les élèves continuent d’entendre ma voix et de me voir.

Aujourd’hui, quel est votre rythme de travail ?

En temps normal, je travaille 19 heures par semaine sur 4 jours. Je suis amenée à voyager de classe en classe mais actuellement je ne peux plus le faire avec les restrictions sanitaires. Je suis donc dédiée à un seul niveau, les grands.
Aujourd’hui, avec la crise sanitaire, je ne fais plus que 15 heures par semaine dont une heure pour le travail à distance. Dans ce créneau, je me consacre à mes deux classes de CE1 et mes petites sections. J’ai enregistré des vidéos, des chansons et des histoires pour les aider à travailler la compréhension orale et continuer à apprendre l’anglais avec moi. C’est très important pour travailler l’accent et la prononciation.

Enfin, est-il difficile de faire respecter le protocole sanitaire à de jeunes élèves ?

C’est un nouveau mode de fonctionnement auquel nous devons nous habituer pour garantir la sécurité des élèves. Mais il est vrai que pour des enfants aussi jeunes, c’est un exercice très compliqué… Nous sommes obligés d’innover et de trouver des manières ludiques pour les sensibiliser à ces nouvelles pratiques. En anglais, par exemple, nous utilisons des chansons pour que les enfants apprennent à se laver les mains. Ils se prêtent au jeu facilement !