
Invité de la matinale de France Inter, le ministre de l’Education nationale, Edouard Geffray a accordé sa première interview depuis sa prise de fonction. Il a dit comprendre l’agacement des Français – en particulier celui des professeurs – tout en affirmant être là pour « servir » et exercer aussi longtemps qu’il le pourra. Vivement critiqué lors de sa nomination, Edouard Geffray a cependant affirmé être en bons termes avec les syndicats, avec lesquels il travaille étroitement.
Lucide sur les difficultés du système éducatif, le ministre a reconnu que la « situation a l’école est extrêmement inquiétante », tant sur « le niveau des élèves que sur les inégalités sociales et scolaires ». Il a également alerté sur « la santé physique et psychique des élèves », un sujet qu’il juge « très préoccupant ». Edouard Geffray a affirmé que ces trois enjeux constituaient ses priorités pour les mois à venir.
Une baisse démographique responsable des suppressions de postes
Le ministre a insisté sur la nécessité de se doter d’un budget. Pour lui, il s’agit d’une priorité urgente. Le présentateur de France Inter, Benjamin Duhamel, lui a alors rappelé que le budget 2026 prévoyait une hausse de 200 millions d’euros, mais que 4000 postes d’enseignants pourraient être supprimés d’ici là. Edouard Geffray a justifié cette décision en invoquant la baisse démographique, expliquant que la diminution du nombre d’élèves dans les établissements impose une réorganisation des moyens humains. Entre 2018 et 2028, le premier degré (maternelle + élémentaire) a enregistré une « baisse d’un million d’élèves », a rappelé le ministre.
Edouard Geffray a par ailleurs été questionné sur l’encadrement des élèves par les professeurs. Certains syndicats lui reprochent de ne pas avoir profité de la baisse démographique pour alléger les salles de classe. Edouard Geffray s’est défendu en déclarant avoir fait le choix d’une approche équilibrée. Selon lui, certaines zones du pays comptent de moins en moins d’élèves, ce qui justifie une réorganisation. « Si nous suivions strictement la démographie, nous aurions supprimés entre 8000 à 9000 postes ». Le ministre de l’Éducation nationale a tenu à rappeler qu’à la rentrée 2026, une étape inédite sera franchie : les classes du premier degré compteront en moyenne 21 élèves, une première dans l’histoire de l’Éducation nationale.
Une rémunération jugée trop faible
Le sujet des rémunérations a aussi été évoqué. De nombreux enseignants dénoncent des salaires trop bas, tandis que d’autres estiment que le « pacte enseignant », accorde des primes trop inégalement réparties. Edouard Geffray a reconnu ces difficultés et affirmé que des efforts pourraient être réalisés, sous réserve du vote du budget. Il a expliqué vouloir favoriser les promotions, qui permettent aux enseignants de gravir les échelons et ainsi d’améliorer leur rémunération. Le ministre a admis que la progression salariale restait très lente sur les 25 premières années de carrière. Enfin, il a rappelé qu’une rémunération sera versée aux étudiants en master se destinant à l’enseignement, afin de renforcer l’attractivité du métier et de susciter davantage de vocation.
De nombreux autres chantiers
Le ministre de l’Éducation nationale s’est vu interrogé sur la question des groupes de niveaux. Il a déclaré « n’avoir que des premiers retours, et que ce rapport (établi par l’inspection générale en juin dernier) dressait un bilan mitigé ». Le rapport mettait notamment en alerte un « risque fort de voir s’accroitre l’écart de niveau entre les élèves et de réaliser malgré lui un tri social entre les bons et les mauvais élèves ». Edouard Geffray suggère que les établissements scolaires satisfaits des groupes de niveaux peuvent continuer à utiliser la méthode. Cependant, il a déclaré qu’une généralisation totale n’était pas sa priorité.
Concernant les inégalités sociales, Édouard Geffray a constaté que 15 % des collèges concentrent à eux seuls 40 % des difficultés scolaires majeures. Il souhaite donc privilégier des moyens supplémentaires sur ces 15 % d’établissements, plutôt que d’opter pour une répartition uniforme des ressources.
Edouard Geffray s’est aussi vu interrogé sur la lecture chez les jeunes. Pour lui, le problème est lié à la consommation excessive des écrans. Le ministre préconise un écosystème autour de la lecture, à savoir un renforcement de celle-ci en classe mais également à la maison.
Image d’accueil : Getty





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