Les syndicats enseignants dénoncent un manque de concertations. Image : Getty

Devant la polémique montante sur la suppression des heures supplémentaires des enseignants révélée par Le Monde mercredi 1er mai 2024, le ministère de l’Éducation nationale rétropédale. Dans un communiqué publié le jour même, il annonce que « conformément à la priorité donnée à l’Éducation nationale par le gouvernement, le Premier ministre et la ministre ont souhaité que les établissements scolaires continuent à disposer des moyens de mener à bien leurs missions. En conséquence, la ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse a donné instruction pour que les académies recouvrent les moyens budgétaires initialement notifiés afin de poursuivre l’attribution d’heures supplémentaires dans les établissements. »

À l’origine de la polémique, un courriel, directement adressé aux chefs d’établissements, qui prévenait ces derniers de la suspension temporaire de l’accès à leur logiciel qui sert à déclencher le paiement des heures supplémentaires (HSE) et des indemnités pour missions particulières rapporte Le Figaro. Le ministère justifiait alors cette décision en évoquant un « objectif de réduction du déficit public » après l’annulation des 10 milliards d’euros de budget de l’État sur 2024. D’après des sources syndicales interrogées par les Échos, ce sont des coupes à hauteur de 100 millions d’euros qui avaient été envisagées dans le budget de l’Éducation nationale, ce qui correspond à plusieurs dizaines d’heures dans chaque collège et lycée.

« C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase »

Concrètement, cela se traduisait par la suppression des heures attribuées aux collèges et lycées pour des projets pédagogiques, notamment celles consacrées aux dispositifs d’aide aux devoirs ou aux remplacements.

Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du principal syndicat de chefs d’établissement, le SNPDEN, avait exprimé sa colère dans Le Figaro. « Le problème de fond c’est le « stop-and-go » permanent. Il y a eu le Pacte enseignant, les devoirs faits et tous ces dispositifs qui coûtent une fortune, puis tout à coup, il y a des retours en arrière […] c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. »

« La ministre a peut-être repris la main »

Interrogée par France Info, Sophie Venetitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat des collèges et lycées, se demande comment « d’un trait de plume, le ministère de l’Éducation nationale et Bercy peuvent rayer ces dispositifs-là ». Selon elle, cette mesure « illustre une forme de déconnexion avec le terrain, puisque cette décision a été prise sans se dire que ça pouvait mettre le feu à l’Éducation nationale. »

Cependant, elle estime que cette volte-face de l’exécutif donne « l’impression que la ministre de l’Éducation nationale a peut-être repris un peu la main sur ce sujet-là face à Bercy. » « Il va falloir que ça continue et surtout préserver l’Éducation nationale de toutes les coupes budgétaires », a-t-elle ajoutée.