
Yamine et Yadem Benmessaoud, ont créé DinoBot, une intelligence artificielle éducative pour accompagner enseignants et apprenants. DinoBot est en phase d’intégration du GAR du ministère de l’Education nationale et bénéficie de l’accompagnement d’ÉduUp, le dispositif d’innovation pédagogique du ministère de l’Education nationale.
Pouvez-vous vous présenter et nous parler de OuiActive, la start-up que vous avez créée ?
Nous sommes deux frères à l’origine du projet. Yadem, mon frère, est professeur de physique-chimie depuis plus de quinze ans. Après mes études, il y a un peu plus d’un an nous avons créé OuiActive. L’idée est née d’un constat commun : les élèves ont besoin d’un accompagnement régulier et personnalisé pour progresser, mais aussi d’un cadre pédagogique clair pour utiliser les outils numériques et l’intelligence artificielle. Nous avons donc développé une plateforme d’assistants IA destinée à la fois aux jeunes et aux enseignants.
Concrètement, que propose DinoBot, votre premier produit ?
C’est une plateforme d’entraînement et d’assistance pédagogique, pensée à la fois pour les collégiens et lycéens, et pour les enseignants. Elle permet aux élèves de s’exercer de manière régulière, en respectant scrupuleusement les programmes officiels de l’Éducation nationale.
DinoBot comprend quatre grands modules. Le premier est le module « exercices ». Il permet de s’entraîner selon son niveau, parfois sous forme de scénarios ludiques. Un fan de Star Wars peut, par exemple, résoudre des équations pour avancer dans sa quête !
Le deuxième est un module « tchat » : l’élève peut poser des questions sur un cours ou un exercice, mais l’IA ne lui donne jamais la réponse. Elle l’accompagne dans le raisonnement, l’aide à comprendre ses erreurs et à progresser.
Le troisième est le mode « évaluation » : l’élève s’exerce en conditions d’examen, sans aide.
Enfin, le mode « brevet/bac » donne accès à des sujets officiels des années précédentes. L’élève peut refaire les sujets, demander des explications sur une question mal comprise ou vérifier que sa réponse est juste.
Peut-on y retrouver l’ensemble des programmes scolaires ?
Presque. Nous nous sommes appuyés sur tous les bulletins officiels du ministère, de la 6e à la terminale, dans la plupart des disciplines. Seules les langues vivantes et les arts sont encore en développement, car nous travaillons à des modules spécifiques pour ces matières. À ce jour, environ 80 à 90 % des programmes sont couverts par nos algorithmes.
Et du côté des enseignants, quels usages sont possibles ?
L’outil leur permet de créer automatiquement des évaluations. Ils choisissent le niveau, la matière, le type d’exercice et obtiennent une fiche personnalisable. DinoBot propose ensuite une aide à la correction, avec des propositions de feedbacks que l’enseignant peut modifier ou valider.
L’idée n’est pas de remplacer le professeur, mais de l’« augmenter ». Il garde la main sur les notes et les commentaires. L’IA n’évalue pas, elle assiste. Cela permet aux enseignants de gagner du temps sur la partie chronophage de la correction et de se recentrer sur l’accompagnement individuel.
Les enseignants peuvent-ils s’inscrire seuls ou faut-il passer par l’établissement ?
Les deux sont possibles. Un enseignant peut s’inscrire de manière indépendante, par curiosité ou pour diversifier ses exercices. Mais les établissements scolaires peuvent aussi souscrire. Nous finalisons actuellement notre intégration au GAR (Gestionnaire d’Accès aux Ressources), l’outil du ministère qui garantit la conformité au RGPD. Cela permettra à DinoBot d’être accessible directement depuis les ENT des collèges et lycées publics. Les établissements privés, non soumis à cette procédure, peuvent déjà s’abonner.
Justement, quel est le coût de l’abonnement ?
Nous avons voulu rester accessibles. Il est d’environ 6 euros par mois pour un élève, 25 euros pour un enseignant, et entre 1 000 et 1 500 euros par an pour un établissement scolaire. Ces tarifs donnent accès à l’ensemble des modules.
Vous travaillez aussi avec l’enseignement supérieur ?
Oui, nous collaborons notamment avec l’EM Lyon, où nous avons co-développé certains algorithmes. Les étudiants peuvent s’entraîner en français et en anglais, bientôt aussi en chinois. Là encore, DinoBot n’évalue pas à la place de l’enseignant mais accompagne les apprentissages en proposant des synthèses, des rappels de notions et des exercices ciblés.
En quoi votre IA se distingue-t-elle des outils comme ChatGPT ?
Notre différence, c’est d’avoir une IA conçue pour être encadrée et 100 % conforme aux programmes scolaires. DinoBot ne s’aventure pas hors du champ pédagogique et ne donne jamais directement la réponse mais accompagne l’élève dans son raisonnement. L’enseignant garde toujours le contrôle, et les données personnelles sont strictement protégées. Nous utilisons notamment des modèles hébergés en France, comme ceux de Mistral, pour garantir la souveraineté des données. C’est un point essentiel à nos yeux : aucune donnée ne part à l’étranger.
Quel est, selon vous, le principal enjeu de ce type d’outil pour l’école ?
Aujourd’hui, l’intelligence artificielle entre dans les classes, souvent de façon désordonnée. Nous voulons offrir un cadre sécurisé et pédagogique à son usage. DinoBot permet d’éviter l’utilisation anarchique de l’IA, tout en redonnant du pouvoir et de la confiance aux enseignants. Nous souhaitons remettre le professeur au centre de l’apprentissage et faire de l’IA un allié plutôt qu’une menace pour l’éducation.
Combien de personnes travaillent sur ce projet ?
Autour de nous, il y a une équipe de quatre développeurs qui améliore constamment la plateforme. Nous collaborons aussi avec une trentaine d’enseignants qui testent les outils, proposent des contenus et nous font remonter leurs besoins du terrain. Nous échangeons également avec des laboratoires de recherche en pédagogie et sommes accompagnés par plusieurs structures comme Lyon Start Up ou ÉduUp, le dispositif d’innovation pédagogique du ministère. Nous sommes lauréats régionaux du concours Talents des Cités de Bpifrance et nous avons aussi obtenu la bourse French Tech Émergence pour la dimension technologique du projet.
DinoBot rencontre déjà un certain succès. Quels sont vos chiffres aujourd’hui ?
Nous avons atteint les 100 000 utilisateurs dont 6 000 enseignants. Au moment du bac et du brevet, la plateforme a enregistré jusqu’à 35 000 connexions par semaine. Aujourd’hui, grâce aux abonnements qui se sont encore accrus, entre 20 000 et 25 000 jeunes se connectent quotidiennement pour s’entraîner.
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