L’inhalation d’une seule fibre d’amiante peut suffire pour provoquer de graves maladies explique le ministère de la Santé. Image : Getty

Vingt-sept ans après son interdiction, l’amiante, un matériau cancérigène, est encore présente dans de nombreux établissements scolaires en France. C’est ce que révèle une enquête réalisée par l’émission « Vert de rage » et diffusée lundi 04 mars 2024 à 21h05 sur France 5.

Pour cette enquête qui s’étale sur une année, les journalistes de l’émission ont contacté pas moins de 50 000 écoles et 35 000 mairies. Des dizaines de prélèvement ont ensuite été réalisés dans certains de ces établissements pour mesurer, avec l’aide de scientifiques, la contamination.

Plus de 85% des établissements scolaires sont susceptibles de contenir de l’amiante

Et le résultat est sans appel. Aujourd’hui, en France, plus de 85 % des bâtiments scolaires sont susceptibles d’en contenir. Dans certains établissements, le taux d’amiante peut même être jusqu’à trois fois plus élevé que le seuil d’alerte aux États-Unis. « Dans la ville de Marseille, pendant quarante ou cinquante ans, les écoles ont été complètement abandonnées. Je me dis : Mais on va laisser les enfants comme ça encore longtemps ? » s’inquiète Marie-Josée, directrice d’école atteinte d’un cancer, en arrêt maladie depuis trois ans et interrogée par « Vert de rage. »

« La plupart des écoles et établissements scolaires ont été bâtis avant le 1er juillet 1997, date de l’interdiction de l’amiante en France, et sont donc fortement susceptibles d’en contenir » explique Sud Éducation. Dans un communiqué de presse publié le 1er mars 2024, le syndicat estime à 30% le nombre d’écoles qui n’ont pas de dossier technique amiante (DTA) et à 40% celles dont le DTA n’est pas à jour. Pour les établissements dont le DTA a été réalisé, le syndicat révèle que 80% des lycées professionnels, 77% des lycées généraux, 73% des collèges et 38% des écoles contiennent des matériaux amiantés.

Sud Éducation réclame un plan national de désamiantage des écoles

Et ce bilan n’est pas sans conséquence sur la santé des personnels. En effet, l’inhalation d’une seule fibre d’amiante peut suffire pour provoquer de graves maladies, dont les plus connues sont le cancer du poumon et le mésothéliome pleural (cancer de la plèvre, membrane entourant les poumons) explique le site sante.gouv.fr. En 2009, le CIRC (centre international de recherche sur le cancer) a considéré que l’exposition à l’amiante pouvait également provoquer des cancers du larynx et de l’ovaire. L’Anses a confirmé ce lien en 2022. Une enquête de l’agence Santé Publique France réalisée en 2019 indique qu’entre 20 et 60 personnes par an font reconnaître une maladie professionnelle de l’amiante dans l’Éducation nationale. Sud Éducation met en garde toutefois sur « les limites » des résultats de l’enquête puisque « l’Éducation nationale ne met en place […] aucune politique de suivi du risque amiante. »

Le syndicat réclame donc la mise en place d’un plan national de désamiantage total des établissements scolaires, ainsi qu’un suivi médical pour les élèves et personnels de l’éducation exposés. Le syndicat s’inquiète également du fait qu’à « l’heure où des annonces sont faites pour la rénovation thermique des bâtiments, rien n’est prévu au sujet de l’amiante. »