Plusieurs syndicats enseignants s’opposent à la réforme du lycée professionnel portée par Carole Grandjean. Image : Getty

Depuis sa présentation par le Président de la République Emmanuel Macron à Saintes en mai 2023, la réforme de la voie professionnelle est fortement rejetée par les syndicats. Dans un communiqué commun publié le 15 novembre, une intersyndicale de l’enseignement professionnel appelle d’ailleurs les personnels à la grève le 12 décembre pour protester contre cette réforme. Après les annonces de la minstre déléguée à l’Enseignement et à la Formation professionnels Carole Grandjean sur la refonte de la terminale ce 22 novembre, plusieurs syndicats ont réitéré leurs griefs.

« Des conséquences concrètes sur les postes » d’enseignants

Dans un communiqué publié le 24 novembre, le Snuep-FSU estime que la réforme de Carole Grandjean est « la copie de la réforme Blanquer en pire ». Le syndicat souligne par exemple qu’ « en positionnant les épreuves début mai et en supprimant drastiquement 85 heures d’enseignements professionnels en terminale, le ministère prend le risque inconsidéré d’augmenter l’échec des jeunes aux examens ».

Il dénonce également la « désorganisation complète de nos établissements et une dégradation des conditions de travail des personnels », puisque les diminutions horaires induites par la réforme « auront inéluctablement des conséquences concrètes sur les postes ».

Les parcours distincts retoqués

Le Snuep-FSU fustige également la mise en place de « parcours distincts » à partir du mois de mai, qui constituent selon lui « une inégalité de préparation aux épreuves entre les élèves qui ‘choisiraient’ de rester au lycée pro et qui bénéficieront d’une préparation aux examens avec leurs enseignant·es, et les élèves en stage qui n’auront aucune période de révision ». Interrogée sur Francebleu le 23 novembre, la co-secrétaire du syndicat Sigrid Gérardin craint également que les élèves de terminale se tournent vers les six semaines supplémentaires de stage, attirés par la gratification financière, plutôt que vers la poursuite d’études. « À partir du moment où les épreuves sont passées, pourquoi resteraient-ils en classe, surtout s’ils ont la carotte de gagner 100 euros par semaine en stage ? », se demande-t-elle.

Même son de cloche du côté de Jérôme Fournier, secrétaire national du SE-UNSA. Sur Europe 1 ce 23 novembre, il « craint que les élèves se tournent tous vers les stages supplémentaires parce que, comme ils sont rémunérés maintenant, ça pourrait être attractif, plutôt que de poursuivre des cours pour se préparer pour un éventuel BTS par exemple ». Malgré cette réserve, le syndicat ne fait pas partie de l’intersyndicale appelant à la grève le 12 novembre.

Un « levier d’annualisation » pour les enseignants de lycée professionnel

De son côté, la CGT Educ’action estime que l’aménagement de l’année de terminale est « un puissant levier d’annualisation ». Elle souligne que « les professeurs de LP signeront un état de service et auront un emploi du temps pour la première partie de l’année, puis à partir de mi-mai subiront une modification de celui-ci ».

Le syndicat dénonce également le « calendrier démentiel » auquel seront soumis les élèves de terminale : ils « auront des épreuves anticipées à la mi-mai, puis commenceront leurs 6 semaines de ‘parcours diversifié’ ». Ensuite, « les jeunes s’absenteront de la période de préparation ou de l’entreprise fin juin pour passer le chef d’œuvre et la PSE ».

Il appelle, comme le Snuep-FSU, les personnels à se mettre en grève le 12 décembre prochain pour s’opposer à la réforme.