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Article publié le 26 avril, mis à jour le 11 mai.

Dans un communiqué, l’APSES (Association des professeurs de Sciences économiques et sociales) demande la suspension du Grand Oral pour le baccalauréat 2021, et une « refonte » de cette épreuve pour les années suivantes, parlant d’une « machine à piéger les élèves et à accroître les inégalités sociales de réussite scolaire. »

Une nouvelle épreuve

Le Grand oral est la grande nouveauté du baccalauréat 2021. Cette épreuve est née de la réforme du baccalauréat portée par Jean-Michel Blanquer. Sur le site du gouvernement, on peut lire qu’elle a pour objectif de « former à prendre la parole en public » en utilisant les « connaissances » acquises dans les enseignements de spécialité et en les mettant en lien avec le « projet professionnel » de l’élève.

Cette épreuve orale compte pour un coefficient 10 en voie générale (ou 14 en voie technologique). En 20 minutes, le candidat doit « présenter une question » préparée avec ses enseignants de spécialités, « échanger avec le jury » et parler de son projet d’orientation.

Un manque de préparation ?

Dans son communiqué, l’APSES dénonce une épreuve qui ne serait pas préparée pendant les heures de cours, consacrée à l’enseignement des programmes scolaires : « aucun temps n’est prévu dans les grilles horaires du nouveau lycée pour cela. »

Pour l’association, les conséquences de l’épidémie de Covid cette année – notamment les classes fermées, les enseignants absents, les « organisations hybrides » des cours et les dysfonctionnements récents des outils d’enseignement en ligne – sont également facteurs d’inégalités concernant la préparation du Grand oral.

Un marqueur d’inégalités ?

L’APSES estime enfin que l’évaluation de la « solidité des connaissances » de l’élève est difficile « en cinq minutes » et en l’absence de professeurs des matières de spécialités de l’élève (cette condition n’étant pas obligatoire dans l’organisation de l’épreuve).

« Quand ce ne sont pas les connaissances qui sont valorisées, cela laisse la place à l’évaluation de comportements, d’attitudes corporelles, d’aptitudes langagières qui sont répartis de manière très inégale selon les milieux sociaux »

La troisième partie de l’oral, portant sur le projet d’orientation et sur les « rencontres, engagements,stages, mobilité internationale » de l’élève, est celle qui pose le plus problème : le communiqué parle de critères d’évaluation « socialement marqué », les élèves bénéficiant du réseau de leurs parents étant favorisés dans leurs recherches de stage, notamment.

Repenser le Grand oral

L’APSES propose donc de suspendre l’épreuve pour juin prochain, et émet des propositions pour rendre le Grand oral plus « juste » pour les candidats des prochaines années : temps de préparation dédié, suppression du temps consacré au projet professionnel et jury composé d’enseignants correspondant aux spécialités de l’élève, entre autres.

L’APMEP (Association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public) et l’APPEP (Association des professeurs de philosophie de l’enseignement public) ont également publié des communiqués pour demander la suppression, sinon le report de l’épreuve pour cette année, et sa révision pour les années suivantes. L’APPEP dénonce une épreuve qui privilégie « la forme sur le fond » et qui « en contraignant les correcteurs à devoir évaluer, pour certains candidats, des prestations qui ne portent pas sur leur discipline » « ridiculise » l’examen.

A ce jour, malgré des conditions de préparation inégales, les épreuves de juin sont maintenues en présentiel pour les Terminale. Jean-Michel Blanquer envisage néanmoins des « aménagements » en faveur des candidats.

https://twitter.com/KrolineChezElle/status/1390582543058186241