Nathalie Elimas, secrétaire d’Etat à l’éducation prioritaire, l’a annoncé ce 22 novembre dans une interview accordée au Parisien : les REP (réseaux d’éducation prioritaire) pourraient être remplacés par des « contrats » entre rectorats et établissements. Une expérimentation pour tester ce dispositif est prévue pour 2021 dans trois académies : Lille, Marseille et Nantes.

Ce projet fait suite au rapport Azema-Mathiot de novembre 2019, qui suggérait de mettre en place des « politiques de priorisation territoriale. » Le rapport préconisait également le maintien des REP+, qui ne seront donc pas concernés par ces changements.

Des aides au cas par cas

« Nous souhaitons sortir de cette logique de zonage pour donner des moyens aux établissements en fonction de leur projet ».

Nathalie Elimas pour Le Parisien

Il s’agira donc de laisser aux académies la liberté – et la responsabilité – de redistribuer les crédits accordés à l’éducation prioritaire, selon les besoins et les projets des établissements scolaires. Nathalie Elimas précise cependant que ce travail sera fait avec « un cadrage et une grille d’indicateurs nationaux » qui devront permettre d’homogénéiser cette répartition des aides à l’échelle du pays.

De ce projet, il ressort deux enjeux principaux. D’une part, le gouvernement souhaite utiliser une partie des crédits de l’éducation prioritaire pour les « établissements isolés » , dans le prolongement de son engagement en faveur des écoles en zone rurale.

D’autre part, avec ce nouveau fonctionnement, une autre partie de l’argent destiné à l’éducation prioritaire (qui représente environ un milliard d’euros par an) pourrait en fait être économisée et servir à financer des primes d’attractivité.

Cette expérimentation prendra la forme de contrats de 3 ans qui pourront être prolongés s’ils sont jugés concluants. Elle sera évaluée courant 2021 et pourra être généralisée ou ajustée. La suppression de la carte REP pourrait donc être effective dès 2022.

Quelles conséquences pour les jeunes défavorisés ?

L’éducation prioritaire est un dispositif du service public qui existe depuis 1981. Il a pour objectif de « corriger l’impact des inégalités sociales et économiques sur la réussite scolaire », en attribuant aux établissements concernés des moyens supplémentaires. Ces moyens doivent faciliter le recrutement de personnels, l’achat de matériel scolaire, l’organisation de sorties…

Pour assurer la continuité du soutien aux élèves issus de milieux défavorisés malgré la suppression des REP, la secrétaire d’Etat évoque notamment le dispositif « Devoirs faits à distance » , sorte de numéro vert où les professeurs pourront accompagner les élèves en ligne. A noter que ce genre d’initiatives existe déjà dans plusieurs académies.

Un projet qui inquiète

Les réactions à l’annonce de ce projet ne se sont pas fait attendre. Marc Douaire, président de l’Observatoire des Zones Prioritaires, dénonce un retour au « vieux modèle libéral de l’établissement autonome, sur le modèle de l’enseignement privé » ainsi que la « mise en concurrence des établissements entre eux ». Une idée qui rappelle les débats sur la Loi de la Programmation de la Recherche adoptée la semaine dernière.

Sur Twitter, on redoute la fin d’une gestion nationale de l’éducation prioritaire. La crainte principale est que cette réforme conduise à une sectorisation de l’intervention, ou qu’elle permette au gouvernement de relâcher ses efforts – financiers – en faveur des établissements qui en ont le plus besoin.