musique classique

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La réforme du lycée entrée en vigueur depuis septembre 2019 a fait disparaître les traditionnelles filières L, ES et S. Auparavant, la voie littéraire était la seule à offrir la possibilité d’une option musique dominante. Aujourd’hui les élèves construisent eux-mêmes leur cursus, et s’ils souhaitent conserver un enseignement musical, deux possibilités s’offrent à eux.

Dès la classe de seconde, et à raison de 3 heures par semaine, l’enseignement optionnel de musique permet aux élèves qui le souhaitent de poursuivre et d’approfondir la formation débutée au collège. Cette option peut être poursuivie en 1ère et en terminale.

En classe de première et de terminale, l’option de spécialité, plus dense, est quant à elle dispensée 6 heures par semaine. Elle a pour objectif de mettre l’accent sur « une culture musicale large et approfondie » et la construction de « compétences transversales liées, entre autres, à la réalisation de travaux en groupe ou à la présentation de travaux devant un public » comme le précise le Conseil supérieur des programmes. Si d’un point de vue théorique la disparition des séries permettait d’ouvrir la spécialité musique à davantage d’élèves, en pratique la réalité est toute autre. A en croire Anne-Claire Scébalt, présidente de l’APEMu « la mise en place de la réforme du lycée a fragilisé les options, en particulier celles artistiques au profit d’autres comme le Latin-Grec. »

Injustice, inquiétude et inégalité

La première injustice que pointe l’association des professeurs d’éducation musicale concerne « l’accès » aux enseignements d’option et de spécialité, comme la musique, qui ne sont pas dispensés dans tous les établissements et dépendent du financement des rectorats. En effet, Anne-Claire Scébalt dénonce « les choix des chefs d’établissement quant aux dotations des heures globales et les arbitrages en faveur des groupes de langues pour, à terme, ne plus proposer l’option musique dans leur lycée ».

La seconde inquiétude concerne l’évaluation de la matière au baccalauréat. Avec l’ancienne formule du bac, les élèves choisissaient – souvent – une option (facultative ou obligatoire) en fonction des points supplémentaires qu’elle pouvait apporter pour l’obtention du diplôme. Or, avec la réforme, l’enseignement musical compte dans la moyenne générale grâce au contrôle continu, comme le rappelait Jean-Michel Blanquer au Sénat en mars  2019 : « Dans le baccalauréat 2021, tous les enseignements optionnels ont exactement le même poids et les notes de bulletins de première et de terminale de tous les enseignements (communs, de spécialité et optionnels) comptent dans leur ensemble à hauteur de 10 % de la note finale de l’examen ».

Tous ? Pas tout à fait puisque « le latin et le grec sont les deux seules options qui rapportent des points bonus dans le nouveau baccalauréat » précisait encore le ministre. Une inégalité de traitement dénoncée par Anne-Claire Scébalt. D’après la présidente de l’APEMu, « favoriser le latin et le grec au détriment d’autres options remet en question le principe même de l’égalité de traitement des différentes options et risque de fortement démotiver les élèves à choisir les options artistiques surtout lorsqu’on sait qu’en terminale, toute l’énergie des élèves est concentrée sur la préparation du bac ».

Anne-Claire Scébalt s’inquiète également pour l’égalité des chances. D’après elle, il n’y a pas d’égalité sans un enseignement qui, comme la musique, s’ouvre à tous et permet un véritable « bain culturel ». Elle craint de voir « les élèves les plus en difficulté, les plus modestes, ou ceux issus d’établissements qui ne proposent plus cette option faute de moyens davantage fragilisés face à ceux qui ont un autre accès à la culture musicale ».

La disparition programmée des options ?

En août dernier, Jean-Michel Blanquer recevait l’APEMu. Pour Anne-Claire Scébalt, c’était l’occasion de faire part au ministre des attentes des enseignants et de lui soumettre quelques préconisations en faveur de l’enseignement musical. La présidente de l’APEMu plaide ainsi pour que « les points bonus des options soient valorisés au même titre que ceux du latin et du grec, et pour que l’option musique participe au travail de préparation (de la voix, de la posture, de la respiration…) des élèves au grand oral du bac ».

Mais depuis, les questions restent en suspens et les craintes demeurent. Dans un communiqué de la Conférence des associations de professeurs spécialistes -dont l’APEMu fait partie – de novembre dernier, l’alerte est donnée sur « la fragilisation et la disparition programmée des options (LV3, arts, langues anciennes). »

Pour les professeurs d’éducation musicale, il est indispensable et juste que l’apprentissage de la musique, pour laquelle on développe l’action Orchestre à l’école et le Plan chorale en primaire et au collège, puisse se poursuivre équitablement au lycée.