Jeudi 5 décembre, la plupart des syndicats de l’Éducation nationale ont appelé à faire grève pour protester contre la réforme des retraites. Résultat : 46,6% des enseignants étaient en grève ce jour, selon les chiffres du ministère. Ce sont les professeurs des écoles qui se sont le plus mobilisés avec un enseignant sur deux en grève (51,1%). Dans le secondaire, 42,32% des enseignants n’ont pas été travaillé.

Pour les syndicats, ces chiffres sont faux. Le Snuipp-FSU estime que « 70% des enseignants du primaire » ont été en grève ce jeudi 5 décembre. « Un chiffre historique », selon le syndicat. Le Snes-FSU a évoqué pour sa part un taux de grévistes de 75 % dans les collèges et les lycées. Le hashtag #JeanMichelCompteMoi, à l’initiative du SNES, a notamment été lancé sur Twitter pour remonter les chiffres, au plus proche de la réalité, des mobilisations dans les établissements scolaires.

« Les pensions des enseignants ne baisseront pas »

Une mobilisation très suivie par les enseignants qui craignent en effet de voir leurs pensions de retraite fortement baisser dans le cadre de la future réforme. Au lendemain de la grève du 5 décembre, au micro de BFMTV et RMC, Jean-Michel Blanquer a tenu à rassurer une fois de plus les enseignants sur ses intentions. « J’ai pris l’engagement que les pensions des enseignants ne baisseront pas. Pour que ça ne leur soit pas défavorable, il y aura des améliorations des rémunérations. On doit réussir à faire un effort pour les professeurs car on a du retard en la matière. », affirme-t-il.

Le ministre de l’Education nationale a, en effet, prévu de revoir à la hausse les salaires et les primes des enseignants pour garantir un même niveau de retraite. « Il y aura une part d’augmentation de salaire et une part d’augmentation des primes, ça fait actuellement l’objet du dialogue social, assure Jean-Michel Blanquer. Ce que nous dirons dans la loi sur les retraites, c’est que les pensions des professeurs ne seront pas inférieures aux pensions de celles des catégories A comparables, ce qui n’est jamais arrivé jusqu’à présent. » Ces augmentations devraient intervenir dès le 1er janvier 2021 a confirmé le ministre de l’Education nationale.

« Ce sera surtout des primes »

Mardi 10 décembre, jour de la seconde mobilisation à laquelle de nombreux enseignants ont participé, Jean-Michel Blanquer était l’invité de France Inter. Au micro de Léa Salamé, il est revenu sur la manière dont seraient compensés les salaires des enseignants, impactés par la réforme des retraites. Il confesse qu’il s’agira « surtout de primes » pour compenser la potentielle baisse des pensions et que c’est « le sujet sur lequel il y a du retard ».

« Il n’y aura pas d’augmentation de salaires mais des primes. Pourtant, on nous jurait la main sur le cœur que l’on allait s’occuper des profs et au final, ce ne sont que des primes. Vous voyez la confiance que l’on peut accorder aux membres du gouvernement », a affirmé Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT. Pour Sophie Vénétitay, secrétaire générale adjointe du Snes, « la revalorisation par prime ne nous convient pas ».

Discours du Premier ministre et réactions des syndicats

Devant le Conseil économique, social et environnemental, le Premier ministre, Edouard Philippe, a dévoilé aujourd’hui vers 13h l’intégralité du projet sur la réforme des retraites. Pour les enseignants, il a confirmé une revalorisation des salaires : « il serait inacceptable que les enseignants perdent le moindre euro de pension compte tenu de cette réforme et cela ne se produira pas. Nous écrirons dans la loi que le niveau des retraites des enseignants sera comparable aux métiers équivalents dans la fonction publique”, a-t-il promis.

Mais les syndicats ne sont pas convaincus : « le mécontentement et la détermination restent entiers, « a indiqué Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, première fédération syndicale chez les enseignants. « Le Premier ministre confirme son projet, et on ne sait toujours pas ce qu’il propose pour compenser la fin du calcul des pensions sur les six derniers mois dans la fonction publique. Ce qu’on sait, c’est qu’il faudra travailler plus longtemps, et ça c’est non pour la FSU », a-t-elle déclaré.