Grève

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Malgré les récentes annonces du Premier ministre sur les contours de la réforme des retraites, les enseignants sont toujours inquiets. Ils craignent en effet de voir leurs pensions de retraite fortement baisser.
Depuis déjà plusieurs jours, le monde de l’éducation est fortement mobilisé : la première manifestation, jeudi 5 décembre, avait réuni 51% de grévistes dans le primaire et 42% dans le secondaire, selon le ministère, et autour de 70%, selon les syndicats. La seconde mobilisation, mardi 10 décembre, avait touché un peu moins d’enseignants : 12,41% dans le primaire et de 19,41% dans le secondaire selon un communiqué du ministère. Des chiffres bien en deçà de ceux des syndicats, qui évoquent respectivement 30% et 62% de professeurs en grève.

« Les enseignants ne perdront pas le moindre euro »

Pour faire face à la crise, Edouard Philippe a décidé de clarifier le projet de réforme des retraites dans un discours prononcé mercredi 11 décembre devant le Conseil économique, social et environnemental. Dans ses annonces, il est revenu sur la situation des enseignants : « je prends des engagements fermes pour les enseignants. Il serait inacceptable que les enseignants perdent le moindre euro de pensions », a assuré le Premier ministre. Il confirme que le processus de revalorisation salariale « commencera dès 2021 ». « Nous mettrons l’accent sur les débuts de carrière mais pas seulement », a-t-il poursuivi. Les discussions à ce sujet iront jusqu’à l’été 2020.

Ce même jour, lors d’un point presse, Jean-Michel Blanquer a indiqué que la revalorisation des salaires s’accompagnera d’une « redéfinition des ressources humaines » qui devra « assouplir la fonction » d’enseignant. Il s’agira notamment de « regarder les affectations, les mutations, la carrière des enseignants, mais tout cela de manière apaisée. ».

Un peu plus tard, en soirée, invité sur BFMTV, le ministre de l’Éducation nationale a apporté son soutien à la réforme des retraites. Il a ainsi rappelé que les enseignants ne connaîtront pas de baisse de pension : « on va inscrire dans la loi que ces pensions ne baisseront pas, qu’elles seront alignées sur les fonctionnaires de catégorie A », a-t-il souligné.

Des syndicats d’enseignants en colère

Ces annonces avaient pour but de rassurer les enseignants. Et pourtant « le mécontentement et la détermination restent entiers », a indiqué Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU. « On ne sait toujours pas ce qu’il propose pour compenser la fin du calcul des pensions sur les six derniers mois dans la fonction publique », a-t-elle ajouté. « Les questions demeurent. Nous n’avons eu aucune somme proposée, les revalorisations ne sont pas évoquées, nous avons tout simplement le sentiment de ne pas avoir été entendus », a pour sa part déploré Francette Popineau, secrétaire générale du Snuipp-FSU. Selon elle, « le mouvement va se prolonger, jusqu’à ce que les enseignants soient entendus ».

De son côté, invité sur Radio Classique, le secrétaire général adjoint de la FSU, Benoît Teste, a estimé que le Premier ministre ne concédait « rien » dans son discours. « On mouline les mêmes éléments de langage », a-t-il regretté, ajoutant que son discours était « pétri de contradictions ». « Si la réforme des retraites aura permis de mettre en lumière la faiblesse de la rémunération des enseignants, tant mieux », mais les compensations accordées aux professionnels par le gouvernement pourraient venir en échange de « missions en plus », s’inquiète le secrétaire général adjoint, qui appelle plutôt à « revaloriser le coeur du métier ».


Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes-FSU a, quant à elle, expliqué sur AEF info être « en colère car il n’y a pas de changement concernant la réforme et, pire, on divise en expliquant qu’elle ne s’appliquera qu’à partir de la génération 1975. »

La FSU assure enfin que les « enseignants sont plus inquiets qu’ils ne l’étaient déjà » et appelle à « amplifier les mobilisations ».

Nouvelle mobilisation le 17 décembre

Les enseignants se mobiliseront de nouveau le mardi 17 décembre, à l’appel de l’intersyndicale interprofessionnelle et d’une interfédérale de l’Éducation nationale regroupant la CGT Éduc’action, la FSU, Sud Éducation, le Snalc et FAEN. La FSU espère ainsi « reproduire le grand coup » de la mobilisation réussie chez les enseignants, le 5 décembre.

En attendant le 17 décembre, les syndicats seront reçus rue Grenelle « dès vendredi » 13 décembre, a précisé Jean-Michel Blanquer lors de son point presse mercredi.