Jankélévitch

Vladimir Jankélévitch, 9 janvier 1980. © Sophie Bassouls

C’est au travers de 120 pièces rassemblant manuscrits, photos, documents tels que des articles de journaux d’époque, que la Bibliothèque François Mitterrand retrace la vie et l’œuvre du philosophe Vladimir Jankélévitch.

La musique, qui a tant compté dans sa vie, est également omniprésente dans l’exposition : on entend en effet Vladimir Jankélévitch jouer au piano en fond sonore.

Le parcours chronologique que propose l’exposition est par ailleurs accompagné par des focus sur certaines œuvres : le visiteur pourra ainsi voir de nombreux extraits manuscrits sur la musique tels que « de l’improvisation » de 1955, « Liszt et la rhapsodie » de 1979, des notes sur Gabriel Fauré de 1964…

Des manuscrits autographes datant d’avant 1949 de son Traité des Vertus sont également exposés : « de la vertu », « la méchanceté », « courage », « humilité » sont ainsi visibles.

On retrouve enfin l’écriture petite, dense, serrée, annotée, raturée, dans les manuscrits de son intense œuvre « La mort ».

Un grand philosophe du XXème siècle

mechancete

Vladimir Jankélévitch Traité des vertus, chapitre 12 : La Méchanceté BnF, dpt. des Manuscrits Avec l’aimable autorisation de Sophie Jankélévitch- Samonà

A côté des manuscrits des oeuvres, photos et documents d’époque retracent sa vie. L’enfance, puis les études de philosophie, l’école normale supérieure, l’agrégation -où il a été reçu premier- le doctorat, le lien et la filiation intellectuelle avec Henri Bergson, prennent ainsi forme  sous les yeux du visiteur.

L’exposition présente aussi son engagement en tant que professeur de philosophie à la Sorbonne -où il enseigna de 1951 à 1975 : une lettre à son ami Louis Beauduc datée du 2 janvier 1969 livre ainsi son sentiment sur l’état de la Sorbonne, après mai 68…

Un article du Journal du Dimanche daté du 18 mai 1975 montre par ailleurs sa réaction suite à la promulgation de la réforme Haby : « c’est le coup de grâce pour la philosophie ».

Un homme engagé

Vladimir Jankélévitch fut un professeur et un homme engagé : de par son histoire tout d’abord. Durant la Seconde Guerre Mondiale, il fut démis de ses fonctions de jeune professeur à la Sorbonne à cause des lois antijuives de Vichy. Réfugié à Toulouse sous une fausse identité, il s’engagea dans la Résistance, auprès de son beau-frère Jean Cassou, et publia clandestinement, en particulier un texte résistant intitulé « psycho-analyse de l’antisémitisme », édité à Toulouse en 1943 par le Mouvement National contre le racisme. Les documents de l’exposition permettent de retracer ces heures sombres.

Son combat contre l’antisémitisme nourrira sa pensée de l’Imprescriptible, et des actions phares telles que sa participation à la lettre à Adenauer pour lutter contre Hans Globke, adressée vers 1953, visible dans cette exposition.

Le visiteur pourra découvrir aussi son engagement aux côtés du Comité français de Défense des immigrés, du Secours Populaire, de la Licra, de l’amitié franco-vietnamienne…

Au travers de l’ensemble des documents présentés, la figure du philosophe, de l’enseignant, de l’homme engagé se dessine et offre une vision complète d’un grand penseur, profondément humain.