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En janvier dernier, Jean-Michel Blanquer lançait la réforme de la voie professionnelle. Ainsi, dès la rentrée 2019, un jeune en classe de 3ème qui souhaite se lancer dans la voie professionnelle, et hésite entre plusieurs options ou formations professionnalisantes, pourra envisager un passage en seconde professionnelle de champ, également appelée seconde « POP » (pour seconde professionnelle à orientation progressive).

Concrètement, ces classes de seconde sont « des classes de seconde professionnelle communes à plusieurs spécialités ou à plusieurs options, au sein desquelles les jeunes découvrent les caractéristiques de ces spécialités ou options, ainsi que les métiers associés, et cela avant de se déterminer pour une orientation définitive, en cours d’année ou à la fin de la classe de seconde », précise un rapport, le premier réalisé sur le sujet par deux inspecteurs généraux de l’éducation nationale. Ce rapport vient d’être remis à Jean-Michel Blanquer, et il porte sur l’expérimentation des classes de seconde professionnelle de champ dans cinq académies pilotes, Grenoble, Lille, Lyon, Strasbourg et Versailles.

Ces classes ont pour objectif de « permettre une orientation progressive des élèves », mais aussi et surtout « de permettre un rééquilibrage entre différentes spécialités de baccalauréat lorsque certaines sont privilégiées au détriment d’autres qui peuvent être paradoxalement porteuses d’insertion professionnelle ». Ce dernier objectif semble souvent « atteint » d’après Jean-Pierre Collignon et Pierre Vignard, les deux IGEN à l’origine du rapport, pour qui ce succès est lié au fait que :

  • Les classes POP permettent de présenter l’ensemble des spécialités de façon objective
  • Un travail est fait sur l’objectivation des critères d’orientation
  • Le dialogue, réalisé lors de nombreux entretiens dans l’année, permet de discuter sur l’orientation et d’affiner les motivations des élèves

Un point noir cependant : le choix des élèves reste malgré tout contraint par les structures de la classe de première et la carte des formations de l’établissement.

Des points à améliorer

Si le premier bilan de ces classes de seconde à champ professionnel semble positif, pour les auteurs du rapport, il faut veiller à ce que ces classes ne soient pas des dispositifs de « relégation ». Par ailleurs, l’information donnée aux élèves est primordiale au collège et en classe de seconde pour ceux qui se destineraient à cette voie. En effet, le champ professionnel doit être « systématiquement précisé » et les changements de champs doivent toujours être possibles.

Concernant l’organisation et l’évaluation du dispositif, Jean-Pierre Collignon et Pierre Vignard déplorent l’impossibilité de regrouper des spécialités appartenant à des champs différents. Comme c’est le cas par exemple, entre les spécialités gestion – administration et accueil, divisées lors du passage de la certification intermédiaire (CAP, BEP) mais regroupées lors du BTS secrétariat – comptabilité – gestion. D’après eux, « l’expérimentation ne doit pas être contrainte par la carte des formations des établissements qui ne proposent pas toujours plusieurs baccalauréats professionnels », et « les critères de sélection pour le choix d’un baccalauréat professionnel en première doivent être affinés ».

Le rapport met en avant quelques propositions d’évolution de la classe de seconde professionnelle, aussi bien sur le programme pédagogique que sur les temps de formation professionnelle. Une meilleure information des élèves et de leurs familles sur les métiers auxquels elle conduit permettra ainsi au dispositif de devenir une voie de succès, et de lutter contre le décrochage scolaire.