Synthèse des résultats des évaluations nationales de la rentrée 2025. Image : Getty

Le ministère de l’Éducation nationale vient de publier les résultats des évaluations nationales de la rentrée 2025. Celles-ci sont désormais étendues à tous les niveaux de l’école élémentaire et à une large partie du second degré (6ème, 5ème, 4ème, seconde, 1ère année de CAP). La participation reste exceptionnellement forte et permet d’avoir une vue assez précise.

Premier degré : mathématiques en progression, vigilance en français

En CP, les progrès constatés depuis 2019 se confirment. Les élèves améliorent leur compréhension des mots à l’oral et plusieurs compétences en mathématiques. La résolution de problèmes, par exemple, passe de 66,1 % d’élèves maîtrisant la compétence en 2019 à 69,3 % en 2025. Signe encourageant : les écarts entre secteur public hors éducation prioritaire (EP) et REP+ se resserrent pour la moitié des compétences (l’écart était de 16 points en 2019 contre 11,6 points en 2025).

Le tableau change en CE1. Les résultats restent stables en mathématiques.  En revanche, le français recule sur trois compétences par rapport à 2024, confirmant une tendance négative engagée depuis 2019.
En CE2 et CM1, la dynamique positive en mathématiques se poursuit, notamment sur les compétences liées au nombre, tandis que le français affiche davantage de stabilité que de progrès. En CM2, quelques avancées apparaissent en grammaire et en numération, mais les écarts entre EP et hors EP augmentent, en particulier dans la mémorisation et la résolution de problèmes.

Enfin, les écarts filles-garçons se maintiennent : les premières dominent en français à tous les niveaux, les seconds en mathématiques à partir du CE1, avec des écarts qui se creusent légèrement en fin de primaire. « Cette année encore, nous avons été très frappés par ces écarts notamment en mathématiques. Il y a une prise de conscience par l’ensemble de la communauté éducative avec une réflexion collective de tous les enseignants sur leur pratique pédagogique : ce qu’ils écrivent dans les bulletins scolaires, la façon dont ils donnent la parole aux uns et aux autres, sur le rôle donné en classes pour le travail en groupe entre les garçons et les filles… Des choses assez simples mais pour lesquelles il faut être en alerte. C’est important de l’entendre et de le conscientiser ensemble  », ajoute Caroline Pascal, directrice générale de l’enseignement scolaire (DGESCO).

Plans maths et français : des effets directs ?

Il est tentant de corréler ces résultats avec les mesures lancées par le ministère, notamment le déploiement des plans maths et français, lancés depuis 2018 et 2020 dans le cadre de la formation continue des enseignants. Ceux-ci visent à compenser les difficultés rencontrées dans ces disciplines. Les résultats moins bons en français qu’en maths dans les évaluations peuvent peut-être s’expliquer par la mise en place plus tardive du plan français, selon Caroline Pascal qui reste positive : « ça souligne en tout cas que, potentiellement, la formation continue des enseignants a un impact sur les résultats des élèves. Sur le français, on voit que la progression est peut-être moins saillante, moins visible, mais qu’elle existe quand même sur un certain nombre de compétences ».

Collège : une sixième qui progresse, une cinquième très contrastée

Les élèves qui viennent d’entrer en 6ème cette année étaient en grande section de maternelle au moment de la crise sanitaire du Covid, au printemps 2020. Quant à ceux scolarisés en EP, ils ont bénéficié du dédoublement de leur classe de CP et de CE1. En sixième, les tendances enclenchées depuis 2017 se confirment : les résultats progressent en français, essentiellement grâce à la baisse du nombre d’élèves en très grande difficulté. Les élèves de REP+ sont les premiers bénéficiaires de cette dynamique. En mathématiques, les performances restent stables à court terme mais améliorées par rapport à 2017. « L’impact des dédoublements a été évalué au moment de leur mise en place et on avait observé un effet positif », confie Magda Tomasini, directrice de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) du ministère de l’Éducation nationale. D’autres travaux doivent permettre de réévaluer cet impact dans les prochains mois mais la tâche n’est pas si facile car d’autres facteurs (pédagogie différente, par exemple) peuvent influencer les résultats. 

Petite nouveauté cette année, l’évaluation nationale a été réalisée pour la première fois de manière exhaustive sur le niveau de 5ème. Les résultats révèlent un niveau global médiocre et des disparités fortes. À peine un peu plus de la moitié des élèves maîtrisent suffisamment les compétences de français. L’écart est particulièrement important entre le secteur public hors EP (52,7 %) et celui de REP+ (24,9%). En mathématiques, la maîtrise des automatismes (calculs, tables de multiplication, fractions…) concerne 47,3 % des élèves, cette fois avec un écart en faveur des garçons (+12,9 points) avec là encore de fortes différences selon les territoires. « Ces résultats demandent à ce qu’on travaille de manière très précise, dans la mise en place des programmes et dans l’accompagnement de la formation des professeurs sur les items les plus échoués, si je puis dire. Évidemment, sur les catégories des élèves les plus en difficulté, c’était l’objectif de la mesure groupe de besoin, comme celle de la stratégie de réussite en quatrième, troisième », ajoute Caroline Pascal.

En quatrième justement, les résultats en mathématiques restent stables, mais le français recule : la part des élèves en difficulté augmente de plus de deux points en deux ans. Cette tendance touche tous les secteurs.
Ces résultats interrogent l’efficacité des groupes de besoins mis en place en 6ème et en 5ème pour aider les élèves. Mais pour Caroline Pascal, il est trop tôt pour établir un lien. «  Il faut conduire un certain nombre d’analyses complémentaires assez complexes pour pouvoir faire le lien entre ces résultats et la mise en place des groupes de besoins, notamment la façon dont ils ont été mis en place », commente-t-elle. 

La fluence : une amélioration régulière

Si la maîtrise du français est assez fragile, celle de la fluence (la capacité à lire rapidement), mesurée en sixième, cinquième et quatrième, continue de s’améliorer. En 2025, 61,3 % des élèves de sixième lisent au moins 120 mots par minute, contre 53 % en 2021. La tendance est la même en cinquième et en quatrième. Les filles restent plus nombreuses à atteindre les attendus.
Toutefois, 14,9 % des 6èmes n’atteignent pas le niveau de fluence attendu en fin de CE2 et en 5ème 22,8 % n’ont pas le niveau attendu en fin de CM1. Caroline Pascal incite à voir au-delà des chiffres, les effets positifs d’une méthode de lecture très progressive et structurée. « Ce n’est pas le résultat chiffré sur cette compétence-là qui nous intéresse, c’est le fait qu’en travaillant fortement une compétence, on arrive à des résultats et que cette compétence est socle pour la réussite des élèves ensuite. Des élèves de 6ème qui décodent, qui lisent plus vite, mieux et de manière plus aisée entrent au collège avec des bases plus solides pour un travail de compréhension fine », souligne-t-elle.

Lycée : un français fragilisé en seconde, des progrès modestes en mathématiques

En seconde générale et technologique, les performances en français se dégradent par rapport à 2021 et la fin de la crise sanitaire, avec une hausse marquée du nombre d’élèves dans les groupes les plus faibles (+7,7%). La situation est encore plus préoccupante en voie professionnelle (+10,7%). Les mathématiques montrent en revanche une légère amélioration, mais là encore les difficultés restent très importantes en seconde pro (74,3 % des élèves sont dans les groupes de bas niveaux en 2025).
En première année de CAP, les résultats 2025 restent proches de ceux de 2024 et confirment des difficultés persistantes dans les compétences élémentaires en français comme en mathématiques.
« Nous n’avons pas d’explication. On note, on observe, on constate, en quatrième et en seconde, que les résultats ne progressent pas. On met en place ce qu’on estime pouvoir être de meilleurs appuis », conclut Caroline Pascal.