
Pouvez-vous nous présenter en quelques mots la direction de l’encadrement ?
La direction de l’encadrement porte la politique de ressources humaines pour les cadres du ministère. Cela concerne les personnels de direction, les inspecteurs, les administrateurs de l’État et l’encadrement supérieur, c’est-à-dire les emplois fonctionnels, notamment les directeurs d’administration centrale, chefs de service, sous-directeurs, recteurs, secrétaires généraux, DASEN… Cela représente environ 1 300 emplois d’encadrement supérieur. Plus largement, on compte 14 500 personnels de direction, près de 4 000 inspecteurs dans le premier et le second degré et 350 inspecteurs jeunesse et sports.
Le 24 septembre, vous étiez l’invité du « Petit-déjeuner » organisé par les « Femmes de l’Éducation » et l’AFDESRI (Association pour les Femmes Dirigeantes de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation). En quoi l’enjeu de la féminisation des postes à responsabilité est-il particulièrement important dans l’EN ?
C’est tout d’abord une exigence d’égalité. Par ailleurs, c’est une obligation légale puisque la loi nous fixe des objectifs précis de féminisation pour les postes d’encadrement supérieur. Enfin, le ministère de l’Éducation nationale est un ministère très féminin, notamment parmi les enseignantes (71% de femmes parmi les enseignants du secteur public). En revanche, cela se reflète encore trop peu dans l’encadrement. C’est également important, à mon sens, d’avoir un encadrement qui ressemble davantage aux fonctionnaires de notre ministère.
Quels sont ces objectifs ?
Depuis le 1er janvier 2017, la loi a fixé comme objectif d’atteindre 40% de femmes dans l’encadrement supérieur. En 2024, nous étions à 43,2 %. En 2023, une nouvelle loi a élargi le périmètre des emplois pris en considération et l’objectif a été revu à la hausse pour le porter à 50 % en 2026. Ces objectifs concernent les cadres primo-nommés de nos ministères, c’est-à-dire ceux qui accèdent à un nouveau type d’emploi.
Malgré de bons résultats globaux (49,2% de femmes dans l’encadrement au 1er septembre 2025), il reste des disparités. Sur quels points faut-il progresser ?
Oui, certains postes restent en retrait et méritent notre attention. Par exemple, sur les emplois de DASEN, c’est-à-dire de directeurs départementaux des services de l’Éducation nationale, il y a actuellement 37 % de femmes. C’est plus qu’auparavant mais nous n’atteignons pas la parité ni même les 40%. En dehors de l’encadrement supérieur, on compte également des disparités. Ainsi, parmi les personnels de direction, 55 % sont des femmes, mais elles occupent majoritairement (65%) des fonctions d’adjointes. Il convient à ce propos de noter que l’âge d’accès aux fonctions de cadre est plus tardif puisque l’âge moyen de réussite au concours de personnel de direction est de 45 ans pour les femmes, contre 42 ans pour les hommes. Par conséquent elles ont donc ensuite « moins de temps » pour accéder à des postes de proviseurs de lycée, notamment les plus complexes, ou à des emplois d’encadrement supérieur.
La direction de l’encadrement développe une politique de vivier. De quoi s’agit-il exactement ?
Le vivier permet d’identifier des cadres susceptibles d’accéder aux emplois de l’encadrement supérieur et de les accompagner dans leur préparation. Les équipes de la direction de l’encadrement rencontrent régulièrement les cadres à potentiels (environ 500 par an) pour les inciter à se projeter dans ces fonctions.
Pour la deuxième année, nous demandons aux académies de veiller à ce que les femmes constituent au moins 60% de ces viviers. Le rôle des missions académiques de l’encadrement, désormais implantées dans toutes les académies métropolitaines et ultra marines, est primordial sur ce point.
Existe-t-il, comme pour les enseignants, des difficultés de recrutement sur ces postes ?
Pas dans les mêmes proportions. Le nombre de candidats aux concours de personnels de direction ou d’inspecteurs a baissé ces dernières années, mais nous avons toujours des candidatures de qualité. Nous ne sommes pas dans une situation comparable à celle du recrutement enseignant.
Quelles actions sont mises en place pour accompagner les femmes vers les postes à responsabilité ?
Plusieurs initiatives existent, comme le programme interministériel « Talenteuses » qui s’adresse à des femmes, cadres supérieures à potentiel et les prépare à se projeter et postuler à des emplois de niveau supérieur. Au sein de nos ministères, nous déployons également des actions de formations ou proposons des immersions qui contribuent à la projection dans de nouvelles fonctions : par exemple, passer 48 heures au sein d’une direction départementale pour se préparer à postuler sur des fonctions de DAASEN. Le coaching et le mentorat sont également déployés en particulier auprès des cadres féminines afin de les accompagner dans leur trajectoire professionnelle. En outre, les contraintes induites par la mobilité géographique nous invitent également à travailler, pour les femmes comme pour les hommes, sur des perspectives de mobilité à l’échelon d’un bassin d’emploi (au sein de notre périmètre ministériel et en interministériel). Enfin, certaines académies expérimentent actuellement le programme « Encadrement au féminin », comme ce fut le cas à Dijon en juin et bientôt à Aix-Marseille.
En quoi consiste ce programme « Encadrement au féminin » lancé à Dijon ?
Marie Ramout (cheffe de la communication interne et externe de la direction de l’encadrement) : L’objectif est d’accroître la part des femmes parmi les cadres supérieurs, en travaillant directement avec les académies. À Dijon, 38 femmes ayant exprimé l’an dernier un souhait de mobilité ont participé à une journée dédiée. Elles ont assisté à une présentation des fonctions d’encadrement, une table ronde avec des responsables issues de services et ministères différents, des ateliers pratiques sur la charge mentale ou l’équilibre de vie et bien sûr elles ont pu échanger avec les intervenants sur leurs interrogations. L’idée est d’initier une dynamique locale, puis d’accompagner les participantes sur leur projet professionnel, en passant par exemple par du mentorat, des immersions ou encore des formations. L’expérimentation sera reproduite avec l’académie d’Aix-Marseille dans quelques semaines.
Raphaël Muller, quel message souhaitez-vous adresser aux femmes de l’EN qui nous lisent ?
Je leur dirais d’oser ! La direction de l’encadrement ainsi que les équipes des rectorats sont là pour échanger avec elles, pour nourrir leurs réflexions et pour les accompagner vers des fonctions d’encadrement et d’encadrement supérieur. Nous avons besoin de leurs compétences et de leurs talents pour faire progresser l’encadrement du système éducatif au profit des élèves.





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