Les étudiants internes de médecine de 6e année ne choisissent pas, majoritairement, la spécialité psychiatrie. Image : Getty

La Grande Cause Nationale 2025 est la Santé Mentale, et il y a urgence. Les jeunes vont de plus en plus mal :13 % des enfants de 6 à 11 ans présentent un trouble psychique et 15 % des adolescents sont à risque élevé de dépression (chiffres UNSA).

Dans le dossier « Agir pour favoriser la santé mentale et le bien-être des élèves » publié en octobre 2024 par le ministère de l’Education nationale, certains chiffres font également froid dans le dos : « 24 % des lycéens déclarent des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois, les hospitalisations pour geste auto-infligé (c’est-à-dire une tentative de suicide ou une automutilation non suicidaire type scarifications, brûlures, coups contre un mur etc) sont en forte hausse depuis 2010 en particulier chez les jeunes filles de 10 à 14 ans : avec une progression des hospitalisations en psychiatrie suite à un geste auto-infligé de 246% entre 2010-2019 et 2021-2022… »

La psychiatrie fait peur

Par ailleurs, d’après le baromètre 2025 de la Fédération hospitalière française (FHF) sur la santé mentale et psychiatrique, un Français sur cinq est concerné chaque année par un trouble psychique, et pourtant 82 % des Français estiment que les maladies psychiatriques restent un sujet tabou. 52% des Français pensent par ailleurs qu’on ne guérit jamais d’une maladie psychiatrique, et près de 2 Français sur 5 indiquent avoir peur des troubles psychiques.

Une étude menée par l’Institut CSA en 2023 pour le Collège National des Universitaires de Psychiatrie (CNUP) révélait également des chiffres inquiétants, toujours d’actualité :  61 % des Français affirment que l’univers de la psychiatrie leur fait peur, plus d’un sur deux ne saurait pas vers quel type de professionnel se tourner en cas de trouble mental, et 51 % des lycéens pensent que la psychiatrie, c’est avant tout de l’enfermement.

Et la spécialité est peu choisie par les étudiants

En parallèle, la spécialité psychiatrie est délaissée : dans un communiqué publié ce vendredi 19 septembre, le CNUP indique que « le 17 septembre 2025, les étudiants en médecine de 6e année ont finalisé leurs vœux de spécialité à l’issue de l’Examen Classant National (ECN). Cette année encore, la psychiatrie reste en bas du classement : sur 554 postes ouverts, seuls 468 ont été pourvus, soit 15 % des postes restés vacants. » La Fédération hospitalière française fait état, elle de « 40% des postes de médecins psychiatres vacants à l’hôpital public. » Pour le CNUP, la cause est claire : « les clichés freinent toujours les vocations. »

Pourtant, des opérations de sensibilisation d’envergure sont menées : ainsi en 2024, avec le lancement de la campagne nationale #ChoisirPsychiatrie par le Collège National des Universitaires de Psychiatrie (CNUP), en partenariat avec l’ANEMF et l’AFFEP. Les trois instances lanceront également le 30 janvier 2026 la seconde édition des Nuits de la Psychiatrie.

La Fédération hospitalière française (FHF) a lancé de son côté l’opération « La Tête Haute » qui, au travers d’une série de portraits de Charlotte Abramow, vise à faire changer le regard sur la maladie mentale.

Une note positive : 90 % des psychiatres en exercice choisiraient à nouveau leur spécialité s’ils devaient refaire leur choix, indique le CNUP dans son communiqué.