Avec la réforme de la voie professionnelle, les élèves ont perdu près de 170 heures de cours au profit de stages. Image : Getty

Il y a tout juste un an, le 4 mai 2023, Emmanuel Macron annonçait depuis un lycée de Saintes en Charente-Maritime les contours de la réforme du lycée professionnel. Élevée en « cause nationale » par le chef de l’État, et en place depuis la rentrée de septembre 2023, cette réforme vise à la fois à lutter contre le décrochage des élèves, et à développer un « partenariat beaucoup plus étroit » entre les entreprises et lycées professionnels, notamment avec l’augmentation de la durée des stages et une rémunération des élèves stagiaires assurée par l’État.

Et depuis son annonce, cette réforme n’a cessé d’être rejetée par la communauté éducative. Les syndicats accusent le gouvernement de fournir de la main d’œuvre gratuite aux entreprises, ou encore de creuser les inégalités entre les élèves. Interrogé en février 2024, Axel Benoist, co-secrétaire général du SNUEP-FSU et enseignant en lycée pro dans l’académie de Rennes, faisait cette comparaison : « On a des ministres qui retirent leurs enfants de l’école publique pour les mettre dans le privé afin qu’ils aient plus de cours, et dans le même temps, on retire aux élèves des milieux les plus populaires du temps d’école. »

Une des plus grandes craintes de la communauté éducative était alors de voir le niveau des élèves de lycées professionnels baisser encore davantage. Pour rappel, c’est près de 170 heures de cours qui sont supprimées pendant tout le cursus du lycée au profit de stages. En janvier 2024, un communiqué intersyndical accusait le ministère « d’orchestrer le basculement […] des lycées pros vers du formatage à l’emploi. »

« C’est la première génération qui a eu moins d’enseignements généraux que les précédentes »

Alors quel bilan un an après ? Dans un article publié le 06 mai 2024, l’Étudiant explique que la voie professionnelle est la seule filière à voir son taux de réussite au bac revenir au niveau d’avant Covid, tandis que les résultats des filières générales et technologiques restent élevés.

Interrogé par le média, Axel Benoist estime que ces mauvais résultats résultats s’expliquent en partie par la baisse du nombre d’heures d’enseignement. « Quatre heures de cours en moins par semaine sur trois ans, […] C’est la première génération qui a eu moins d’enseignements généraux que les précédentes. Forcément, en français, histoire-géo, EMC, éco-gestion, on voit bien l’effet sur les résultats, ce qui ne s’est pas passé en lycée général et technologique. »

Pour le ministère, la baisse des résultats est liée « au niveau des élèves »

Cette baisse des résultats peut également être expliquée par des coefficients trop faibles sur les matières générales. Interrogé par L’Étudiant, Thierry Plouvez, en charge de la voie professionnelle au SE-UNSA explique qu’« en bac professionnel, les matières avec un coefficient élevé sont les matières professionnelles, mais elles ne peuvent pas être choisies lors de l’épreuve de contrôle. » Si les élèves ratent leurs épreuves professionnelles, les coefficients des matières générales (français, mathématiques, etc…) sont alors trop faibles pour compenser.

Il considère également que la nouvelle formule du bac professionnel en place depuis 2022 rend la réussite de l’examen plus difficile. Pour rappel désormais, les candidats doivent obtenir une moyenne supérieure ou égale à 10 sur 20 dans l’ensemble des épreuves professionnelles et non plus à la seule épreuve professionnelle « pratique ».

Du côté du gouvernement, la satisfaction règne concernant la réforme. Philippe Varin, président de l’association C’Possible et interrogé par Les Échos considère que bien que le fossé ne soit pas comblé, « on sent clairement une dynamique positive. » Contacté par l’Étudiant, le ministère de l’Éducation Nationale considère que la baisse du taux de bacheliers professionnels n’est pas liée aux réformes, mais « au niveau des élèves ».