Ce type d’internat est pensé pour des « élèves repérés comme étant très hautement perturbateurs », a précisé la ministre de l’Éducation nationale Nicole Belloubet sur Télématin. Image : Getty

Article publié le 22 avril 2024, mis à jour le 23

Quatre jours après son discours à Viry Châtillon pour dénoncer la violence des jeunes et appeler à « un sursaut d’autorité », le Premier ministre Gabriel Attal, accompagné du Garde des sceaux Éric Dupont Moretti, était en déplacement lundi 22 avril à Nice. Il a inauguré un internat d’un genre nouveau, destiné aux élèves décrocheurs.

Après une cérémonie d’accueil, il a participé à un échange avec des adolescents participant au stage, des parents, des dirigeants politiques locaux et acteurs publics ou associatifs de l’expérimentation. « Il ne faut pas avoir peur des mots, il y a un problème de violence chez les jeunes » et « m’attaquer à ce problème-là, c’est l’une des grandes priorités de mon gouvernement », a déclaré Gabriel Attal à l’issue de l’échange.

Le refus d’envoyer l’enfant à l’internat pourrait accroître la « défaillance » des parents

Ce type d’internat est pensé pour des « élèves repérés comme étant très hautement perturbateurs », a précisé la ministre de l’Éducation nationale Nicole Belloubet sur Télématin ce lundi. « Ce sont des internats qui permettent de prendre en charge des jeunes pendant les vacances scolaires, avec un encadrement militaire », a-t-elle expliqué. Elle a également évoqué un second type d’internat, géré par l’Education nationale, qui offre « la possibilité aux parents de prendre en charge les élèves […] en internat, avec, là, vraiment, un encadrement éducatif. Nous offrons même la possibilité qu’il y ait zéro reste à charge pour les élèves boursiers », a-t-elle détaillé.

Le tout se fait en « dialogue entre la communauté éducative et les parents ».

Néanmoins, les parents qui s’opposeraient au placement de leur enfant pourraient voir leur « défaillance » et leur « responsabilité » accrues, a précisé le Premier ministre ce 22 avril. « Si des parents le refusent et que leur enfant se livre ensuite à de la délinquance, ce sera une forme de circonstance aggravante dans leur responsabilité », a prévenu Gabriel Attal.

« Aujourd’hui, il faut attendre un manquement grave pour pouvoir retenir le non-respect de l’obligation parentale », a souligné le Premier ministre. « Je souhaite qu’on puisse faire évoluer la loi pour que plusieurs manquements légers et répétés puissent également permettre de retenir le manquement à l’obligation parentale. » Le refus d’envoyer leur enfant à l’internat pourrait donc faire partie de ces « manquements légers ».

« Gabriel Attal défend l’idée de l’internat comme un lieu de redressement »

Depuis les annonces de Gabriel Attal la semaine dernière, les syndicats de l’enseignement ont fait savoir leur hostilité sur une mesure dont ils craignent une convergence vers des « lieux de redressement ». Selon Olivier Raluy, secrétaire catégorie CPE du syndicat d’enseignants SNES-FSU, Gabriel Attal défend aujourd’hui « l’idée non pas comme un internat éducatif mais plutôt comme un lieu de redressement ». « Pour nous, l’internat s’inscrit dans un projet éducatif (…). C’est avant tout un lieu de socialisation, de réussite scolaire, c’est un vecteur de promotion sociale », a-t-il déclaré à l’AFP, relayée par BFMtv.

Dominique Gobetti, représentante du Syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale (SNPDEN) interrogée par France Info considère de son côté avoir « du mal à imaginer qu’un jeune qui est violent à l’extérieur, qui n’arrive pas à obéir à ses parents, puisse tout d’un coup, par miracle, parce qu’il est en internat, parce qu’il est face à un adulte, un surveillant, puisse d’un coup se transformer ». Pour elle, il faudrait « des moyens humains » et « des adultes formés pour permettre de gérer ces élèves qui ont un droit à s’émanciper et à s’ouvrir sur la vie ».