Georges Fotinos
Georges Fotinos

Déjà éprouvés par la pandémie et les adaptations aux différents protocoles sanitaires, les directeurs d’école ont été confrontés en 2021 à des faits de violence bien réels au sein de leurs établissements. Une nouvelle étude de l’ancien IGEN et Diplômé de l’Institut des Hautes études de sécurité intérieure Georges Fotinos vise à faire le point sur l’importance de ce phénomène et sur les dispositifs de prévention et de sanction mis en place.

Près d’un directeur sur deux insulté

Réalisée à la demande de la FDDEN et soutenue par l’Accord-Cadre CASDEN/MENJS, l’étude a été établie sur la base des réponses de 2 953 directeurs ou directrices d’écoles différentes. Elle met en avant la présence réelle de faits de violence à l’école primaire (concernant à la fois les élèves et les adultes). Il s’agit le plus souvent de violence verbale (particulièrement en élémentaire), et de violence physique dans une moindre mesure.

Elle souligne notamment l’importance de la victimation subie par les directeurs en 2021 : 44 % ont été insultés (« en très grande majorité par les parents »), 17 % harcelés (en majorité par des parents et enseignants), 15 % ostracisés et 5 % frappés (en majorité par des élèves, mais aussi par des parents).

47 % des directeurs soulignent en outre une augmentation des différends avec les parents. L’origine de ces différends concerne surtout des maltraitances entre élèves et des punitions ou sanctions, mais l’étude souligne aussi l’émergence de désaccords « à bas bruit » concernant le « respect des valeurs républicaines de l’école par les familles ».

Des ceintures de comportement pour prévenir les violences

Concernant les moyens de prévention mis en place en interne dans les établissements, l’étude montre qu’ils ne concernent pas toutes les écoles. Cependant, 67 % d’entre elles utilisent un dispositif de ceintures ou clés de comportement.

Les écoles privilégient les structures Education nationale externes à l’école : 95 % ont recours à un psychologue scolaire et 83 % aux RASED.

Parmi les mesures disciplinaires prévues pour sanctionner les violences, sont privilégiées la convocation des parents (94 % des écoles y ont recours), et l’isolement sous surveillance (80 % des écoles).

Une école qui « montre des signes de fragilité »

L’étude s’est également penchée sur l’importance accordée à la citoyenneté républicaine à l’école. Elle montre que l’EMC est enseigné régulièrement dans 94 % des écoles, mais s’il l’est dans presque toutes les écoles élémentaires, ce n’est le cas que dans 6 écoles maternelles sur 10.

Elle souligne également que la Charte de la laïcité n’est, pour 25 % des écoles, ni expliquée ni présentée aux élèves.

Face à ces résultats, Georges Fotinos déplore que l’école primaire, « premier et le plus efficace lieu de prévention de la violence et du vivre ensemble », « montre désormais elle-même des signes de fragilité ». Il souhaite que l’étude permette « aux différents responsables de notre système scolaire et à ses partenaires de considérer à sa juste dimension cette problématique ».