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Les tables rondes et webinaires T’éduc sont des événements organisés par Universcience. Enseignants, médiateurs culturels et scientifiques y sont régulièrement invités à échanger autour d’un thème donné : continuité pédagogique, sciences participatives ou rôle du guide de musée, les sujets sont variés.

Mercredi 14 octobre avait lieu le webinaire appelé « Comment les sciences cognitives questionnent-elles les apprentissages ? » Il s’agissait, à l’aide de plusieurs intervenants experts, de faire le point sur les avancées des pratiques éducatives s’appuyant sur les neurosciences et sciences cognitives.

Grégoire Borst, chercheur et professeur en Psychologie du développement et de l’éducation, explique ainsi lors de ce webinaire que les trois fonctions cognitives transversales principales sont les suivantes : flexibilité cognitive, mémoire de travail et inhibition.

Le plaisir d’apprendre

Plusieurs innovations pédagogiques ont vu le jour ces dernières années, en prenant appui sur ces nouvelles connaissances des lois de l’apprentissage.

Par exemple, pour travailler ces trois facultés et prendre en compte d’autres facteurs comme la situation socio-culturelle, Daniel Gaonac’h (professeur émérite de psychologie cognitive et auteur) préconise la différenciation pédagogique : cette méthode consiste à adapter les exercices en fonction du niveau des élèves.

Pour encourager les élèves à être autonomes et à développer leur plaisir d’apprendre, on peut également les faire travailler sur leur estime d’eux-mêmes, leurs représentations, ou leurs biais cognitifs ; autant de champs d’action qui appartiennent à la métacognition et influencent l’apprentissage. C’est ce que propose Jean-Luc Berthier, ancien responsable de la formation des personnels de direction à l’IH2EF.

Et le terrain ?

Bien que les méthodes évoluent dans les salles de classe, il reste difficile de faire le lien entre recherche et terrain. Ce point a été particulièrement abordé au cours du webinaire : comment les enseignants peuvent-ils mettre en application rapidement et concrètement les nouvelles connaissances sur le fonctionnement du cerveau humain ? Quel rôle pour le chercheur, et quel rôle pour l’enseignant dans ce processus ?

Tandis que Daniel Gaonac’h met l’accent sur la responsabilité de l’enseignant de se former pour accéder à une liberté pédagogique, Pauline Martinot (docteure en médecine et doctorante en neurosciences appliquées aux apprentissages à l’école primaire) propose de demander directement aux enseignants quels sont leurs besoins sur le terrain.

Grégoire Borst rappelle que les “neuroscientifiques n’ont pas l’expertise de la pédagogie” et ont pour seul rôle de “porter aux enseignants” leurs avancées. Ceux-ci doivent alors prendre une posture d’expérimentateurs pour trouver la meilleure manière d’exploiter les progrès de la recherche.

Des Cogni’classes…

Jean-Luc Berthier, quant à lui, a fondé un dispositif pour répondre à cette problématique : les Cogni’classes. Ce sont des classes qui “mettent en œuvre une ou plusieurs modalités pédagogiques traduites des apports des sciences cognitives de l’apprentissage”, et ce grâce au travail d’une équipe (en collège et lycée) ou de l’enseignant (pour le 1er degré). L’ancien proviseur insiste sur la rigueur scientifique à avoir lorsque l’on s’adosse à la recherche pour élaborer des principes éducatifs.

La recherche-action est également une solution : Grégoire Borst définit ce terme comme “la recherche qui part du terrain”. Il s’agit de “mettre en place des actions pédagogiques et d’en évaluer les effets, dans le cadre d’un environnement réel”, souvent bien différent d’une situation de laboratoire.

Des idées prometteuses à suivre de près pour continuer d’améliorer les pratiques éducatives.

Pour ne manquer aucun rendez-vous T’éduc et accéder aux comptes-rendus, rendez-vous sur le site de la Cité des sciences.