Nicole Belloubet, nouvelle ministre de l’Education nationale, va travailler sur l’amélioration des conditions salariales des enseignants en milieu de carrière. Image : Getty

Article publié le 14 février 2024, modifié le 15 février

L’ancienne ministre de la justice Nicole Belloubet a remplacé ce 9 février 2024 Amélie Oudéa-Castéra à l’Education nationale. Dans une interview accordée à France inter, elle s’est exprimée sur les dossiers qui l’attendaient au sein de son nouveau ministère, évoquant notamment la revalorisation salariale des milieux de carrière, les groupes de niveau et le recrutement des enseignants.

« Il n’y a pas de classe de niveau »

Evoquant une consultation menée auprès de 230 000 professeurs, la nouvelle ministre a affirmé que, pour améliorer les résultats des élèves, les enseignants « demandent mois d’hétérogénéité dans les classes, ils demandent des prises en charge particulières pour répondre à des besoins spécifiques. C’est ça que nous allons faire, c’est la fin du cours magistral descendant », a-t-elle indiqué.

Pour autant, elle s’est refusée à parler de la mise en place de « groupe de niveau », expression utilisée jusqu’à présent par Gabriel Attal et Amélie Oudéa-Castéra. « Il n’y a pas de classes de niveau, a-t-elle expliqué. Nous fonctionnons sur des classes hétérogènes c’est-à-dire que dans une classe de 6e il y a tous les élèves qui sont inscrits. Ce à quoi nous réfléchissons, ce sont des groupes qui puissent répondre à des attentes particulières des élèves. C’est ce qu’a proposé le Premier ministre et il me semble que cette réponse n’est pas inintéressante ».

Des « modalités » pour prendre en charge l’hétérogénéité des élèves

Des propos qui ont suscité l’indignation d’un auditeur. « Les enseignants n’en veulent pas de cette réforme, a-t-il souligné. Les inspecteurs n’en veulent pas, les chefs d’établissements n’en veulent pas, les parents n’en veulent pas ». Mais pour la ministre « nous avons un constat qui me semble être partagé, y compris par les enseignants, de l’insuffisante efficacité de notre système. On ne peut pas ne pas répondre ». Elle souhaite donc proposer « des modalités pour prendre en charge cette hétérogénéité, et pour essayer de travailler au mieux ».

Interrogée sur AEF, Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, a également souligné que lors des rencontres avec les syndicats, « la ministre se garde bien de prononcer l’expression » groupe de niveau. Pour Élisabeth Allain-Moreno, du SE-Unsa, « c’est une tentative de sortir de l’impasse en faisant évoluer la terminologie mais ce n’est pas satisfaisant ».

Une réflexion pour améliorer la situation salariale des enseignants en milieu de carrière

Interrogée sur le manque chronique de personnels au sein de l’Education nationale, la ministre a souligné qu’« il manque des personnels parce que la fonction d’enseignant n’est plus suffisamment attractive ». En ce qui concerne les salaires, « il y a un effort très important qui est fait sur les débuts de carrière qui maintenant nous met au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE en début de carrière, et il y a eu aussi un effort sur les fins de carrière, a-t-elle souligné. C’est surtout les milieux de carrière sur lesquels nous devons travailler pour voir comment nous pouvons essayer d’améliorer cette situation ».

Elle a également rappelé qu’ un « complément indiciaire de 1 250 euros » sera attribué « aux infirmières scolaires et aux assistantes sociales qui seraient engagées dans la lutte contre le harcèlement ».

Les enseignants bientôt recrutés à bac +3 ?

Pour améliorer l’attractivité du métier d’enseignant, la ministre souhaite également « modifier le recrutement » des professeurs. Un sujet qui revient régulièrement dans les discours gouvernementaux depuis 2022. Emmanuel Macron avait ainsi déclaré, en septembre dernier, vouloir « complètement changer le système de recrutement de nos enseignants ». Il avait notamment évoqué le retour à un système basé sur celui des Ecoles normales.

En janvier 2023, l’ancien ministre de l’Education nationale Pap Ndiaye avait indiqué travailler sur une réforme du CRPE pour 2025, avec un concours placé à bac+3. « Nous proposerons, après le concours, deux ans de formation rénovée et rémunérée », avait expliqué le ministre, afin d’attirer « davantage de candidats, notamment des étudiants défavorisés, nos futurs ‘hussards noirs de la République' ». Différents scénarios avaient été présentés aux syndicats en novembre 2023, pour le premier et le second degré, plaçant tous le concours en 3e année de licence et prévoyant le versement d’un salaire dès la première année de master.

Une évolution confirmée par l’ancienne ministre de l’Education nationale Amélie Oudéa-Castéra, début février 2024 devant la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale. Elle avait évoqué « une réinvention de la formation initiale » des enseignants du primaire et du secondaire, avec concours à bac+3.