Le CSEN révèle que seulement 6% des élèves en 6e parviennent à placer sur une règle graduée la fraction 3/6. Image : Getty

Le conseil scientifique de l’Éducation nationale (CSEN) tire la sonnette d’alarme. Dans une étude publiée en septembre 2023, il révèle que la plupart des élèves qui entrent en 6e présentent une véritable « mécompréhension » des nombres. Seulement 22 % des élèves évalués par « le test de la ligne numérique » sont en mesure de placer correctement la fraction 1/2 sur une ligne graduée allant de 0 à 5, et seulement 6 % parviennent à placer la fraction 3/6. 

Ces constats sont également corroborés par d’autres épreuves, telle que la question « combien y a-t-il de quarts d’heures dans ¾ d’heure ? » , à laquelle seuls la moitié des élèves ont répondu correctement.

Un déficit persistant tout au long de la scolarité

Et le problème ne se limite pas qu’à l’entrée en sixième. Les données montrent que ce déficit de compréhension des fractions persiste tout au long de la scolarité. Ainsi, bien que le taux d’erreurs diminue légèrement entre la 6e, la 4e et la 2nde générale, il atteint tout de même 45 % en 2nde générale lorsqu’il s’agit de manipuler des fractions simples. 

Les élèves de lycée professionnel affichent quant à eux des performances similaires à celles des élèves de sixième, tandis que les élèves en CAP (Certificat d’Aptitude Professionnelle) font encore plus d’erreurs que les élèves de sixième, y compris avec les nombres décimaux.

« Les prochaines générations risquent de souffrir d’un profond déficit »

Pour le CSEN, ces chiffres alarmants ne sont malheureusement pas nouveaux. Les données collectées en début de 6e en septembre 2020, 2021 et 2022 montrent une absence notable d’évolution positive. 

Le diagnostic est clair : « pour bon nombre d’élèves, les nombres décimaux et surtout les fractions n’ont aucun sens. Or, la compréhension de ces outils mathématiques est indispensable à la mesure de n’importe quelle dimension physique. Dans un monde de plus en plus numérique, les prochaines générations risquent donc de souffrir d’un profond déficit. »

Des propositions pour une amélioration

Pour remédier à cette situation préoccupante, le conseil supérieur de l’Éducation nationale (CSEN) propose plusieurs mesures. Il recommande notamment que les concepts mathématiques, y compris les fractions et les décimaux, soient introduits dès le CP. Il suggère également que les mots « moitié » et « quart » soient enseignés dès que possible, accompagnés d’activités concrètes telles que le partage et la mesure. Les élèves devraient également avoir l’occasion de manipuler des ensembles concrets d’objets pour comprendre la notion de fractions dès le CP.

Le CSEN encourage aussi la décomposition de formes géométriques en parties égales et l’utilisation de vocabulaire spécifique tel que « demi », « tiers » et « quart » dès le plus jeune âge. Enfin, il recommande la pratique du placement de nombres sur une ligne numérique. Pour le conseil supérieur de l’Éducation nationale, cela devrait améliorer la compréhension des quantités et aider les enseignants à détecter les difficultés des élèves.

Pour rappel, le renforcement de l’apprentissage des fondamentaux fait partie des priorités du ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal. Il avait ainsi annoncé lors de sa conférence de presse de rentrée, le retour d’1 heure trente de mathématiques pour tous les élèves de première. Pour lui, « la suppression des mathématiques fut une erreur. […] Les savoirs fondamentaux, dont les mathématiques, sont indispensables. »