Les enseignants de SES rencontrent des difficultés pour traiter le programme dans les délais © Getty

Article publié le 19 janvier 2023, mis à jour le 8 février

A deux mois des épreuves écrites de spécialité du baccalauréat, un tiers des enseignants de SES sont en retard sur le programme imposé par la date des épreuves, indique l’APSES dans une étude publiée le 16 janvier. Cette étude, menée du 15 décembre 2022 au 7 janvier 2023 auprès de 914 professeurs de SES, propose « une photographie de la manière dont les enseignant·e·s de SES ont pu former leurs élèves de spécialité de Terminale depuis la rentrée de septembre 2022″, selon l’APSES. Elle met « en évidence les difficultés pour traiter l’intégralité du programme et préparer les élèves aux épreuves écrites dans les délais impartis ».

Des conditions de préparation qui réduisent les capacités de réussite des élèves

D’après l’enquête, au 17 décembre, 33 % des enseignants n’avaient terminé que 3 chapitres ou moins sur les 7 chapitres à traiter avant la tenue des épreuves de spécialité du bac au mois de mars 2023. L’objectif « paraît donc difficilement atteignable pour environ un tiers des collègues » souligne l’enquête.

En outre, plus de la moitié (57 %) des enseignants n’avaient pas pu organiser de devoirs de 4h en condition d’examen pour préparer leurs élèves. Des difficultés qui, pour les élèves de terminale, « réduisent leur capacité de réussite de l’examen », selon l’APSES.

Les élèves les plus fragiles et les plus précaires pénalisés

Face au rythme soutenu imposé par la tenue des épreuves du bac en mars, 55 % des professeurs affirmaient renoncer à organiser des devoirs en classe afin de pouvoir boucler le programme. De plus, l’organisation prévue par la réforme du lycée a empêché 76 % des professeurs de programmer des rattrapages de cours ou des devoirs surveillés. Plus de la moitié des enseignants interrogés (57 %) ont été contraints de reporter la maîtrise de certaines parties du cours sur le travail à la maison, plutôt que de les traiter en classe.

Ce sont donc « les élèves les plus fragiles et ceux issus de familles dont les conditions matérielles d’existence sont les plus précaires qui sont pénalisés par la mise en place de la réforme », déplore l’APSES.

Le report des épreuves en juin réclamé par l’APSES

Enfin, lorsque l’APSES demande aux sondés de résumer par un mot leur vécu d’enseignant de spé SES en terminale pour l’année 2022-2023, les deux termes les plus fréquemment cités sont « stress » et « pression ». Reviennent également « fatigue », « frustration », « course ».

L’APSES réclame donc, entre autres, le report des épreuves de spécialité au mois de juin, un allègement des programmes « trop lourds » et « à moyen terme », une réécriture des programmes de SES du lycée.

Une lettre ouverte envoyée au ministère

L’APSES, avec quatre autres associations de sciences sociales (AFEP, AFS, AFSP et ASES) a d’ailleurs signé le 27 janvier une lettre ouverte au ministre de l’Education nationale Pap Ndiaye. Dans ce courrier, les associations alertent « sur les conséquences d’un bac en mars« , qui « constitue un recul pour les acquis des élèves de lycée général et leur préparation à l’enseignement supérieur ». La lettre souligne que « le maintien de ce calendrier suscite l’opposition d’une très large part de la communauté éducative du secondaire », car cela « modifie structurellement l’organisation de l’année scolaire et dégrade la formation intellectuelle des élèves de terminale« .

Elle dénonce un calendrier serré qui, étant donnée la « lourdeur excessive des programmes » scolaires, « signifie devoir transmettre au pas de charge des objectifs d’apprentissage sans permettre aux élèves de se les approprier réellement ». Sur la prise en compte des notes dans Parcoursup, argument avancé pour justifier le maintien des épreuves écrites de spécialité en mars, les associations rappellent que « dans de nombreux pays, les procédures d’admission s’opèrent en fin d’année sans apparemment que cela crée des problèmes insurmontables, et que « c’est d’ailleurs ainsi que fonctionnait l’entrée dans l’enseignement supérieur français avant Parcoursup ».