Pour son 87e numéro, la Revue de Sèvres – éditée par France Education international – s’est intéressée aux différentes valeurs transmises par l’école, et ce dans toutes les régions du monde. Les différentes études présentes dans le numéro ont en effet été menées par des auteurs issus de pays et de cultures variés.

L’école doit-elle être au service de la société ou de l’individualité ? Doit-elle encourager la réussite personnelle ou collective ? la priorité écologique ou le « règne humain » ? Pour les auteurs de la revue, ces questions ont été éludées par les spécialistes depuis quelques années, au profit d’une « approche pragmatique de l’école, qui s’attache avant tout à mesurer l’efficacité des dispositifs. » Un choix « déjà idéologique » selon eux.

Pourtant, le sujet mériterait d’être discuté. En témoignent les « tentatives de restauration d’un ordre ancien » ou au contraire « d’hybridation des valeurs » observées dans certaines sociétés.

Définir des valeurs communes…

« Dans de nombreux pays s’exprime la demande de défendre, voire d’enseigner, des valeurs. »

Dossier de presse Revue internationale d’éducation de Sèvres

Pour les auteurs, « un socle de valeurs communes » permettrait de freiner « les excès de l’individualisme et l’emprise du seul esprit de compétition » causés notamment par la mondialisation, tout en respectant l’individualité des élèves.

En outre, un décalage existerait parfois entre les valeurs supposément défendues par un système éducatif et les valeurs effectivement enseignées (comme en Californie où « le comportement réel des écoles et des districts est soumis à de nombreuses influences autres que celle de l’État » malgré des valeurs bien définies, dont l’épanouissement personnel ou la productivité économique.)

…ou faire coexister des valeurs différentes ?

Une autre posture consisterait à défendre la liberté individuelle pour laisser place, au sein d’un même système scolaire, à des valeurs différentes, issues notamment de l’histoire du pays (avec l’exemple du Vietnam, pays de tradition confucéenne, qui s’est vu traversé au fil de son histoire par des idées tournées vers la modernité puis vers le socialisme, et aujourd’hui ancré dans la mondialisation.)

En France, la tendance à la privatisation du système scolaire (avec l’autonomie des établissements, par exemple) permettrait une certaine souplesse, en donnant aux établissements la possibilité de choisir quelles idées mettre en avant – entreprenariat, égalité des chances, compétition internationale, liberté d’expression… Mais cette tendance pourrait amener à valoriser certaines idées comme la compétition entre élèves ou établissements, et causer des inégalités (comme en Chine avec le développement du soutien scolaire par des entreprises privées).

En définitif, les auteurs de la revue prônent l’instauration d’un dialogue – à l’échelle nationale et internationale – pour décider de valeurs universelles et de la place accordée à l’individualité.