Le syndicat SNPDEN, qui représente les personnels de direction des établissements scolaires, a décidé suite à la crise sanitaire d’évaluer ses conséquences sur le fonctionnement des établissements et sur le moral des chefs d’établissement, élèves et enseignants.

Cette mission a été confiée à Georges Fotinos, ancien chargé d’Inspection générale EVS et ex conseiller du Président de la Mgen, et à José Mario Horenstein, médecin psychiatre ayant travaillé sur le monde du travail. Le questionnaire qu’ils ont mis au point, appelé « Impact de la crise Covid sur les personnels de direction des collèges et lycées « a été diffusé du 17 mars au 8 avril derniers, et a obtenu 4423 réponses de personnels de direction, concernant 3665 établissements du secondaire.

Cette enquête, qui fait suite à deux études régionales menées l’an dernier sur le même sujet, s’intéresse aux aspects psycho-sociaux, éducatifs et sanitaires du métier, et aborde entre autres les questions du climat scolaire et de la qualité de vie au travail.

Une perte de confiance

L’enquête porte donc sur une situation de crise inédite – sur fond de réformes – dans laquelle enseignants et élèves devaient régulièrement suivre de nouveaux protocoles sanitaires. Les personnels de direction étaient quant à eux chargés d’adapter continuellement le fonctionnement de l’établissement, alors même qu’ils apprenaient par les grands médias les décisions prises par le gouvernement.

Cette situation a eu pour conséquences une baisse de confiance dans l’institution (77% des répondants) et une dégradation des relations avec la hiérarchie (40% contre 28% en 2010).

Ils sont également 92% à répondre que leurs conditions de travail se sont dégradées.

Des violences en hausse…

L’étude fait état d’une importante augmentation des sentiments d’isolement et d’anxiété dans les établissements scolaires. Les épisodes de violence (entre élèves ou sur adultes) se sont également multipliés.

52% des répondants ont notamment remarqué une augmentation des violences entre élèves, et 40% rapportent des violences de parents sur les adultes (personnels).

Le décrochage scolaire a aussi été l’une des graves conséquences de la crise sanitaire : 79% des personnels de direction ont observé une augmentation du phénomène.

…un moral en baisse

Ces différents facteurs ont amené à un sentiment de mal-être chez les personnels de direction. 80% des répondants se disent victimes d’un certain « abattement, dépression ou perte d’espoir » et 75% trouvent que leur moral s’est dégradé (ils étaient déjà 54% en 2017).

Ils sont enfin 84% à penser qu’il leur est impossible d’assumer leurs missions. Pourtant, c’est dans ce contexte difficile que certains disent avoir renoué avec le sens de leur métier, en faisant preuve d’action et d’innovation au sein de leurs établissements.

Georges Fotinos constate par ailleurs que la crise sanitaire a aggravé des tendances déjà observées auparavant, dont la dégradation des rapports avec la hiérarchie et avec les parents d’élèves, une baisse de moral et des risques psycho-sociaux.

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