Dans le cadre d’une interview, publiée hier, l’association Electeurs en herbe nous a présenté son projet « Participe présent ». Il est destiné à impliquer les collégiens et lycéens dans des actions environnementales à l’échelle de leur établissement. Aurélien Sandoz est membre de l’association et a choisi de mettre en place cette initiative dans le lycée où il enseigne.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Aurélien Sandoz, je suis professeur d’histoire-géographie et d’éducation civique et morale au lycée Galilée à Gennevilliers. Je suis aussi membre du conseil d’administration et du comité pédagogique de l’association Électeurs en herbe. Je participe aux projets de l’association depuis décembre 2016. A cette époque, j’avais proposé au proviseur de faire une activité de sensibilisation à la citoyenneté, mais nous ne savions pas comment l’organiser. Nous nous sommes rendus compte qu’Électeurs en herbe proposait des simulations d’élections, ce qui nous permettait de le faire avec un cadre.

Comment s’est passée l’organisation de ce nouveau projet, au sein de l’association et dans votre lycée ?

Au lycée Galilée, nous avons décidé d’organiser ce projet avec les éco-délégués essentiellement sur la base du volontariat. Ce sont eux qui se réunissent et qui font des propositions sur le modèle de la Convention Citoyenne pour le Climat. A terme, ces propositions sont soumises à tous les élèves du lycée, qui par la suite votent.

Il y a eu plusieurs étapes dans l’organisation de ce projet. Dans un premier temps, j’en ai parlé avec l’atelier « Sciences Politiques » dont j’ai la charge, et avec les éco-délégués de ma classe.
Puis, en septembre, il y a eu une journée de lancement du projet. Avec l’aide de la Ligue de l’Enseignement, un débat mouvant a été organisé. Les 30 éco-délégués qui étaient présents ont vu que c’était un projet à prendre au sérieux, qui leur donnait un véritable rôle. Cela les a encouragés à proposer des idées.
Ensuite, nous avons eu deux réunions de « réflexion ». Lors de la seconde réunion, une responsable Amap (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) est venue parler avec eux des propositions qu’ils pouvaient faire : ruches, potagers, tri à la cantine… Elle nous a mis en lien avec la structure, et une conférence en visio devrait être organisée pour former les éco-délégués à ces questions. C’est important qu’ils soient plus informés que les autres élèves afin de se sentir légitimes et de pouvoir jouer leur rôle.

Prochaine étape du projet : la phase d’enquête. Les élèves verront avec les acteurs du lycées si les propositions sont pertinentes et réalisables. Par exemple – et c’est un peu ambitieux – ils veulent changer les néons de tout le lycée : il faut voir avec la région si c’est possible. Mais je sais que ça a déjà été fait dans un autre établissement.

Enfin, en avril ou mai, lors d’une journée de sensibilisation, nous allons soumettre ces propositions à tous les lycéens. Ce sera l’occasion d’engager l’ensemble du lycée dans ce projet.

Quelles différences entre les activités proposées par l’association et celles mises en place sur le terrain ?

A la fin du mois d’août, chez Électeurs en herbe, on nous a demandé de préparer une Convention scolaire sur le climat. Il y avait tout à faire ! Comme souvent, l’association propose des projets qui permettent d’engager les élèves (comme avec les simulations d’élections) et apporte cette culture de l’éducation populaire qu’il n’y a pas forcément dans les établissements scolaires. Les différentes étapes sont gérées par l’association à travers les parcours pédagogiques – ce côté est rassurant – mais avec les élèves, nous pouvons les adapter sur place.

Au début, nous nous sommes demandés comment mettre les choses en place. Au lycée Galilée, nous commençons seulement à nous former aux questions environnementales : par exemple, il n’y a pas de potager comme il y en a dans d’autres établissements. Sur le terrain, c’est compliqué d’anticiper, il faut avancer pas à pas.

En tant que professeur, c’est intéressant d’avoir le rôle de celui qui accompagne le projet au lieu de le construire. Ici, ce sont les élèves qui sont pleinement acteurs du projet !
La CPE du lycée a aussi eu l’idée de se servir du CVL (Conseil de Vie Lycéenne) pour faire avancer les propositions. Certains éco-délégués ont donc été élus au CVL et portent le projet pour l’année d’après. Cela permet aussi d’encourager une certaine culture d’établissement !

Avez-vous observé un intérêt des élèves sur les questions environnementales ?

Oui, il y a une vraie volonté de la part de certains élèves de s’engager dans ce genre d’initiative. Ce n’est qu’une partie des élèves, mais c’est déjà très bien – d’autant plus que ce ne sont pas toujours ceux qu’on entend le plus d’habitude. C’est très intéressant de mener ce projet avec des élèves volontaires et enthousiastes.

Le fait qu’il s’agisse d’une « convention scolaire » calquée sur la Convention Citoyenne, cela permet aussi de parler de la vie politique. C’est important, car beaucoup d’élèves ne sont pas assez informés sur ce sujet.