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Face au boom du numérique, la naissance d’un métier

Dans un contexte national de reconfinement, la notion de continuité pédagogique semble plus importante que jamais. Cours en ligne et enseignement à distance sont désormais le quotidien des étudiants. Au vu des annonces du gouvernement ce jeudi, l’enseignement supérieur va devoir s’adapter à ce nouveau mode de pédagogie : les écoles, collèges, et lycées restent quant à eux ouverts.

Pour mettre en place cette continuité, les établissements d’enseignement supérieur peuvent compter sur les ingénieurs pédagogiques. Leur mission : accompagner et favoriser l’utilisation des nouvelles technologies dans la pédagogie. Pour cela, ces professionnels sont chargés de concevoir des cours ouverts en ligne (MOOC), des modules interactifs… et de former les enseignants-chercheurs à ces pratiques pédagogiques.

Mais ce qui constitue une alternative aux cours en présentiel est aussi un nouveau mode de transmission, qui s’installe durablement dans les universités et les écoles supérieures. En effet, la majorité des établissements disposent aujourd’hui d’équipes d’ingénieurs pédagogiques. Dans d’autres pays comme les Etats-Unis, le métier est en place depuis plusieurs années déjà.

Les conditions du progrès pédagogique

Un enseignement « hybride » demande des compétences plurielles. Les ingénieurs pédagogiques doivent donc avoir un sens de l’humain et de la transmission (pour former les enseignants comme pour influencer leurs pratiques pédagogiques) et des compétences numériques. Chargés de mettre en forme des contenus provenant de disciplines diverses, ils doivent également faire preuve d’adaptation pour les rendre les plus intelligibles et attractifs possibles.

Pour autant, les progrès en matière de pédagogie numérique ne doivent pas se faire aux dépens de la qualité du cours. Notamment, le juste traitement des connaissances ne doit pas être délaissé face aux connaissances elles-mêmes. Le risque pour ces contenus numériques est alors de constituer des « vecteurs de transformations considérables, en promouvant des productions standardisées », comme le souligne dans un article du Monde Christophe Voilliot, enseignant-chercheur et co-secrétaire général du syndicat Snesup-FSU avec Anne Roger.

L’accompagnement proposé par ces ingénieurs pédagogiques suppose donc que ces derniers interviennent sur le plan technique, tout en travaillant avec l’enseignant au meilleur moyen de traiter sa discipline. Les professeurs n’ayant pas l’habitude de partager le monopole de la pédagogie, et n’ayant pas tous le même usage ou la même opinion des outils technologiques, l’ingénieur pédagogique doit avant tout se positionner comme « facilitateur », selon Marie Bia Figueiredo, enseignante à l’Institut Mines-Télécom Business School.