Affiche du 45e colloque de l’AFAE, qui s’est déroulé du 22 au 24 mars 2024 à Nantes.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis William Marois et j’ai été élu président de l’Association française des acteurs de l’éducation (AFAE) en mars 2023. J’ai été professeur de Sciences économiques à l’université de Niamey (Niger) de 1981 à 1983 puis à l’université d’Orléans, et j’ai été président de cette même université de 1987 à 1992. Sollicité pour être recteur d’académie, j’ai exercé cette mission de 1992 à 2022 dans les académies de Nancy-Metz, Rennes, Montpellier, Bordeaux, Créteil et Nantes.

Vous avez repris il y a un an la présidence de l’AFAE. Quel bilan en faites-vous jusqu’ici ?

L’AFAE est un lieu d’échanges et de libres débats, et a été animé avec beaucoup de dynamisme et d’engagement par Catherine Moisan qui en a assuré la présidence pendant sept années et tout particulièrement lors de la crise du Covid.

Nous constatons avec satisfaction, après ce moment de crise, une belle reprise des activités – que ce soit sur le plan des académies ou sur le plan national. Notre colloque de fin mars l’a bien montré. Cette évolution positive devra être confortée par la suite.

Ce colloque était consacré à l’intelligence artificielle. Était-ce un choix de sujet évident cette année ?

L’intelligence artificielle, son utilisation particulièrement, touche de nombreux champs de l’activité humaine dont le monde de l’éducation. Elle interroge les enseignants, et bien entendu l’encadrement du système éducatif. Il était alors pertinent de travailler sur ce thème avec des experts, d’écouter des élèves, et d’échanger sur les évolutions et les conditions de l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le champ de l’éducation.

Comment s’est déroulé le colloque ?

Le colloque s’est déroulé à Nantes, grâce à la mobilisation de son conseil scientifique et de l’équipe de l’académie. Ça a été un succès, tant sur le plan de la participation (260 participants) et de l’organisation que sur le partage des idées. Cinq conférences, deux tables rondes et dix ateliers ont permis à la fois d’apprendre – grâce aux experts – et d’échanger, chacun repartant avec des idées pour son action quotidienne.

Quelles conférences ou ateliers ont été particulièrement marquants, ou ont apporté un éclairage nouveau sur la question ?

Les cinq conférences ont apporté des éléments très complémentaires sur l’intelligence artificielle et son utilisation dans le champ de l’éducation. Quant aux tables rondes, elles ont permis d’une part de comprendre que d’autres champs de l’activité sont confrontés comme le monde de l’éducation aux défis de l’intelligence artificielle et d’autre part d’écouter deux élèves, un enseignant et un chef d’établissement sur le concret des défis actuels. Les textes des interventions seront publiés dans la revue de l’AFAE « Administration & Éducation » du troisième trimestre de cette année.

Avez-vous senti un besoin de la communauté éducative d’avoir un éclairage sur le sujet de l’IA ?

Il s’est avéré que ce colloque répondait à une véritable attente dans le monde de l’éducation – d’où d’ailleurs son succès en termes de participation, avec des délégations venues d’Algérie et du Luxembourg. Il n’y a pas une semaine sans que ce thème ne soit évoqué dans les médias, et les questions que se posent les acteurs de l’éducation sont nombreuses.

Quels constats se sont dégagés du colloque (utilisation de l’IA par les jeunes, nécessité de former les enseignants, enthousiasme ou méfiance des enseignants face à l’IA…) ?

Il y a face à l’intelligence artificielle un mélange de fascination et de crainte mais une chose est avérée : quoique l’on souhaite, elle est déjà inscrite dans les pratiques des jeunes.

Rien ne sert donc de diaboliser l’intelligence artificielle ; il nous faut développer des règles éthiques d’utilisation et former, le plus vite possible, l’ensemble des personnels de l’Education nationale. Cela étant, de même que l’imprimerie ou l’ordinateur n’ont pas disqualifié le rôle de l’enseignante ou de l’enseignant, la dimension humaine restera toujours essentielle, tout particulièrement auprès des jeunes les plus en difficulté qui risqueraient de rester au bord du chemin.

Avez-vous déjà une idée du thème du prochain colloque ?

Le prochain colloque se déroulera du 21 au 23 mars 2025 à Montpellier. Le thème sera arrêté par le conseil d’administration de l’AFAE en lien avec l’équipe académique au mois de mai. Plusieurs pistes ont été proposées par les participants du colloque de Nantes. L’objectif sera de toujours être au plus près des préoccupations des acteurs de l’éducation, de permettre des échanges fructueux et de tracer des pistes d’action.